Date : 24 mars, Heure 15h, lieu : Bab Saadoun. Marocains, Algériens, Tunisiens, Français et d’autres nationalités sont venus participer à la marche contre le terrorisme. On a du mal à reconnaître Bab Saadoun rempli de drapeaux,de pancartes, de visages colorés, quelques femmes marocaines lançant des youyous, des jeunes qui chantent des chansons révolutionnaires. Chaque groupe parmi ce beau monde présente une cause politique ou civile.
Nous avons eu l’impression qu’il s’agit d’une mosaïque de causes et d’engagements. La marche s’ébranle en direction du musée national du Bardo, dans une ambiance festive et joyeuse qui contraste avec l’attaque terroriste contre le musée. A peine les manifestants ont-t-ils fait quelques dizaines de mètres qu’il commençait à pleuvoir. Même le mauvais temps n’a pas empêché ce beau monde de continuer son chemin pour arriver enfin au musée.
leconomistemaghrebin.com y était. Maintenant que la manifestation est terminée. Quelques remarques s’imposent…
Que peut-on retenir de la marche contre le terrorisme organisée hier par les participants au FMS 2015 ? Bien que cette marche se soit voulue une expression de la solidarité avec le peuple tunisien après l’attentat contre le musée national du Bardo, la Tunisie n’était pas au centre de cette actualité. Plusieurs indices nous amènent à faire cette remarque.
Le drapeau placé au premier plan était celui de la Palestine. Historiquement, la cause palestinienne, bien qu’elle soit sacrée pour les Tunisiens qui n’ont jamais arrêté d’exprimer leur soutien à ce peuple, n’est pas le motif principal qui a rassemblé tout ce monde aujourd’hui qui entend par là condamner le terrorisme en Tunisie. Une autre question se pose ? Que viennent faire les photos de Saddam Hussein et Jamal Abdel Nasser dans la manifestation ? Quel lien pourrions-nous établir entre les deux leaders (dont personne ne peut minimiser l’importance historique) et le contexte tunisien actuel ? Aucun.
De plus, un certain nombre de manifestants ont scandé des slogans hostiles à certains partis politiques, chose qui ne devrait pas se faire dans une manifestation censée rassembler les peuples venus de plusieurs pays du monde pour s’unir . Cacophonie ou absence d’organisation ? Nous ne trouvons pas de réponse à ces constats qui interpellent. Une autre anomalie à signaler : plusieurs manifestants ont préféré porter des pancartes qui n’ont rien à voir avec la condamnation du terrorisme pour exprimer leurs propres causes et leurs revendications (égalité homme-femme, lutte contre la publicité et autres).
Cerise sur le gâteau, la musique traditionnelle était au rendez-vous ! Certains diraient que c’est un manque de respect à la mémoire des martyrs et d’autres que la vie continue, la mort cède la place à la vie. A vrai dire, nos voisins, les Algériens étaient les plus enthousiastes à lancer des slogans solidaires avec le pays, et hostiles au djihad et au terrorisme. Et pour cause ils ont payé un lourd tribut à l’hydre du terrorisme.