En voilà une qui s’impose d’elle-même et nul besoin d’aller chercher trop loin : quand on parle de santé économique d’un pays, on pense tout de suite comment va sa monnaie. Très simple, parce que bonne monnaie ne saurait mentir comme on pourrait dire et que justement, notre dinar national va très mal en ce moment, très mal, et le dernier attentat terroriste n’a pas arrangé les choses.
Les experts en risques financiers nous disent que jamais, depuis la révolution, notre monnaie n’est descendue aussi bas et qu’elle risque de descendre encore plus bas par rapport au dollar américain. On nous dit qu’elle se négocie actuellement au marché des changes à la moitié Dollar, rien de plus, ce qui est tout de même un record qui, au train où vont les choses, risque d’être battu. Nos éminents experts nous parlent d’effondrement, de descente aux enfers, comme si cela ne suffisait pas à un quotidien fait de chutes en tous genres.
En fait, ils ont une explication à cela : le glissement du dinar par rapport au dollar relève plus de la forte appréciation du dollar par rapport à l’Euro, que de la détérioration de l’économie tunisienne. Voilà l’anguille qui se cache sous la roche. Cependant, une question de non spécialiste me taraude : puisqu’il en est ainsi, pourquoi ne pas préserver la valeur du dinar en l’encrant tout simplement à l’euro ? La réponse est toute trouvée : pour nos experts, une telle mesure ne résoudra pas le problème ; elle ne peut au contraire que nuire à la souveraineté du pays, comme si cela n’était pas déjà le cas avec le Dollar qui reste, au final, la monnaie de référence. Et si la véritable solution était politique ?
Nos experts assurent qu’elle passera nécessairement par la maîtrise des prix et la lutte efficace contre l’économie souterraine, soulignant qu’il faudrait dire pour cela et tout de suite : stop au laisser-aller, stop au laissez-faire, et stop au laissez-passer. Rien à dire. C’est à cette triple condition que les terroristes, qui se nourrissent de la misère des pauvres gens, pourront aller se rhabiller. Cela dit, je trouve logique que des voix s’élèvent pour demander à la population davantage de sacrifices et moins de revendications. Je trouve tout aussi normal qu’on demande plus d’ardeur au travail et plus de discipline. Encore faut-il que ces sollicitations soient acceptées et surtout équitablement partagées. Or, jusque-là, rien ne prouve que nous sommes dans la bonne direction. Une bonne nouvelle toutefois : on parle du retour, sous une forme revisitée et réadaptée, des fameux plans quinquennaux des années postindépendance. C’est tant mieux, car sans objectifs précis, point de salut.