L’ASBU vient d’organiser un atelier international sur « Le traitement médiatique du phénomène de l’extrémisme et du terrorisme ». Avec au programme pas moins d’une dizaine d’interventions présentées par des experts et des problématiques qui ont essayé de faire le tour de cette question de très grande actualité.
Etablir un diagnostic du phénomène, comprendre ses enjeux et trouver les meilleures formules pour son traitement médiatique. Abderahmane Souleymane, directeur général de l’ASBU (Union des Radiodiffuseurs des Etats Arabes), a résumé dès les premiers instants de la rencontre ses objectifs.
L’atelier international organisé par cette Union, une des organisations de la Ligue des Etats Arabes, les 7 et 8 avril 2015, à son siège à Tunis, sur le thème « Le traitement médiatique du phénomène de l’extrémisme et du terrorisme », ne pouvait, sous cet angle, que bien démarrer. Avec au programme pas moins d’une dizaine d’interventions présentées par des experts et des problématiques qui ont essayé de faire le tour de cette question de très grande actualité.
Un discours « émotionnel »
Les médias disposent-ils d’un personnel (journalistique et technique) capable de traiter les questions relatives au terrorisme ? Ce personnel ne recourt-il pas souvent à des sources quasi uniques ? Le traitement des questions relatives au terrorisme n’est-il pas caractérisé par un journalisme de compte rendu ne laissant que peu de place à l’investigation, à l’explication ou encore à l’analyse ? Ces questions et bien d’autres ont été au centre des débats.
Analysant le discours de la presse écrite tunisienne et égyptienne à l’occasion des attentats de Charlie Hebdo en France (11 janvier 2015), l’universitaire Amel Grami, enseignante à l’Université de La Manouba, a mis en exergue son côté assez « émotionnel », appelant à rationaliser ce discours.
L’Universitaire Sadok Hammami, enseignant à l’IPSI (Institut de Presse et des Sciences de l’Information) de Tunis, a, pour sa part, consacré une communication à l’usage fait par les terroristes des médias sociaux. Ces derniers font partie intégrante de la stratégie d’ensemble des terroristes.
Du recrutement à la propagande en passant par la prise de décision
Aussi les terroristes croient-ils dur comme fer qu’ils ne peuvent avoir une existence sans ces médias sociaux. Ils en font un usage des plus larges dans divers domaines du recrutement, à la propagande en passant par la prise de décision. Ils sont inscrits, pour ainsi dire, dans les gènes des terroristes. Ils sont en tout cas le nerf de la guerre.
Dans une intervention très remarquée, présentée à l’atelier international de l’ASBU, l’universitaire algérien Mohamed Kirat, enseignant à la Faculté des lettres et des sciences de l’Université du Qatar, a précisé que celui qui observe la réalité du champ médiatique arabe se rend compte de l’absence d’une stratégie d’ensemble en matière de traitement des questions du terrorisme.
Ce sont effectivement « les grandes agences de presse mondiales qui fixent les agendas et les priorités en fonction de ce qui leur plaît et en fonction de leur credo, idéologies et valeurs ». Ajoutant que « les médias arabes traitent la question du terrorisme d’une manière aléatoire et irresponsable ».