Quatre éléments importants sont à dégager du tout récent bras de fer opposant le ministère de l’Education nationale à l’UGTT.
Un, l’Etat va servir entre 150 millions de dinars et 200 millions de dinars d’augmentations salariales à une tranche de la population qui, après cet accord, accédera au statut de « privilégiée » de la fonction publique et ce en puisant, probablement, sur l’endettement extérieur du pays (!). Pour ceux qui en doutaient, la preuve est donnée. Avec un déficit budgétaire de 7500 millions de dinars contenu dans la loi de finances, il faudra chercher ailleurs ce que nous aura coûté, en plus, cet épilogue de bras de fer.
Deux, des limites insoupçonnées ont été franchies par la « prise en otage » des collégiens et lycéens depuis pratiquement le début de l’année scolaire avec ce que cela comporte comme pression, stress et…inconnu dans un domaine où la primauté se nomme quiétude et tranquillité pour permettre la bonne capitalisation des connaissances servies. C’est là une première dans l’histoire du pays à laquelle s’est livrée l’UGTT.
Trois, l’Etat par le biais du Gouvernement et de son ministre de l’Education nationale vient d’ouvrir la boîte de Pandore pour tous les secteurs économiques. L’année 2015, et celle qui l’a suivra, seront très difficile pour ne pas dire plus sur le plan social et pour les caisses de l’Etat à moins que le gouvernement nous cache une croissance économique miraculeuse .
Quatre, aussi bien le ministre de l’Education ou son porte-parole que l’UGTT et son porte-drapeau de l’occasion, n’ont pas eu de retenue pour nous parler d’un accord sur le devenir de l’Education nationale prenant les gens pour…ce qu’ils ne sont pas.
L’accord signé en ce jour saint du 6 avril 2015 par la Centrale Syndicale, qui joue un rôle incompréhensible sur le plan économique, et l’Etat, qui ira emprunter ailleurs ou nous presser fiscalement encore pour payer les augmentations, est un pur accord…mercantile. La discussion, n’en déplaise aux porteurs d’écrans de fumée, a tourné sur « je t’offre, tu demandes ». Tenter d’amadouer une opinion publique, franchement opposée à l’accord dans sa bonne majorité, par des exercices de style et de phraséologie dépassés, restera, pour l’Histoire, au-delà des limites de la décence. Alors que les vessies restent de simples vessies, au moins pour notre propre intelligence.
« Le décence, ce grand absent ».
De quoi sera faite la période de post-accord ? En principe de rien. Comme si nous avons vécu un mauvais rêve, vite chassé au réveil. Le Lassaad Yacoubi national et le non moins national ministre de l’Education, Neji Jalloul, ont arrosé cette matinée toutes les ondes hertziennes pour nous dire qu’en fin de compte 2015 et sa saison scolaire sera comme…2011, une année où pourtant rien n’a marché au niveau de l’éducation nationale et où nos enfants ont passé plus de temps dans la rue que devant leurs pupitres avec une chute (encore une) du niveau global. L’année 2015 sera comme 2011. D’ailleurs, nous balayerons « la semaine bloquée », cette perversion de l’histoire ( hic !), nous dira le ministre du revers d’une simple main ou plutôt d’un mot, porté par les ondes subitement positives. Une institution de plusieurs années, qui marque, depuis longtemps, trois de nos cinquante-deux semaines annuelles, est apparue avec étonnement, ce matin, comme la responsable de tous nos maux et échecs scolaires sans que l’on ne le sache. Nous nous sommes, alors, mis à en parler en oubliant le reste, l’essentiel.
Les deux ex-antagonistes considèrent donc l’année 2011 comme une année modèle pour la renouveler 4 ans après (!). C’est à douter de l’homo-sapiens. Et pour couronner le tout, nous ne serons point étonnés que tous les examens de fin de saison seront (la belle cerise du non moins beau gâteau)…très abordables, question de ne pas se mettre, encore plus, sur le dos les parents. Les notes seront, probablement, bien meilleures quitte à altérer encore plus le niveau. Qu’importe, cela est une tout autre histoire surtout après la razzia du 6 février.
En fait, et pour terminer, ce qui manquait à cet accord, c’est bien de la décence. Cette même absence de décence qui accompagne les retraites des ex-présidents de la République, venus à Carthage, qui par défaut qui par moins de huit mille voix, et celle de nos chers députés, de l’ANC, bien sûr, et de l’ARP également. Certes, ce ne sont pas des montants faramineux au regard du budget de l’Etat mais ne gouverne-t-on pas par l’exemple ? Sur ce point précis, c’est le véritable tournis des calculettes avec des députés-retraités après un seul mandat, en principe d’une seule année, et des présidents de la République en retraite, touchant six fois plus qu’un Chef du gouvernement en exercice et coûtant probablement 10 fois plus en termes de coût pour la communauté. Entre-temps, la classe moyenne, celle qui échappe à la mainmise de l’UGTT, continue de « bosser » et de payer pour les autres. Jusqu’à quand (?)…