Dans le cadre d’un briefing de presse tenu ce matin, Mohamed Habib Zitouna, Directeur général de l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ), a présenté, en présence des cadres de l’institut et des représentants des médias, l’enquête compétitive de l’année 2014. Objectif : évaluer la qualité du climat des affaires et la compétitivité des entreprises en Tunisie, et ce, du 15 septembre au 30 octobre 2014 auprès de 1200 entreprises privées, réparties sur tout le territoire tunisien, opérant dans l’industrie et les services et employant six employés ou plus.
Cette enquête vise à identifier les principales contraintes auxquelles se heurtent les entreprises dans l’exercice de leurs activités. Elle permet d’apprécier les actions et stratégies engagées par les entreprises, pour faire face à l’intensification de la concurrence et relever le défi de la compétitivité.
Elle permet, également, de recueillir les anticipations des chefs d’entreprise quant à l’évolution de l’activité, d’investissement et de l’emploi.
Cette enquête a été axée sur la perception que portent les chefs d’entreprise sur le climat des affaires en Tunisie, et ce, en se focalisant sur plusieurs facteurs, à savoir l’infrastructure, le cadre macroéconomique et réglementaire, le financement bancaire, la fiscalité et les charges sociales, l’insécurité, les ressources humaines, les procédures administratives et le système judiciaire, la corruption et l’instabilité politique.
Pour l’instabilité politique, le facteur qui a été introduit pour la première fois dans l’enquête est classé parmi les trois contraintes les plus sévères pour 39% des enquêtés, et principale cause de la détérioration du climat des affaires en 2014.
En matière d’investissement, l’enquête a démontré que 41% des entre prises n’ont pas réalisé des investissements en 2014. Cela s’ explique par l’instabilité politique.
Dans le même cadre, s’affiche l’insécurité parmi les trois contraintes les plus sévères pour 26% des enquêtés, cause la suspension de l’activité au cours du 1er semestre 2014 pour 6,5% des entreprises interrogées contre 7% au cours de la même période de 2013.
S’agissant des pratiques dans le marché, notamment la concurrence déloyale, le marché parallèle et les pratiques anticoncurrentielles, elles ont été considérées comme contrainte accentuée par rapport à 2013. Elles nuisent à la compétitivité et portent préjudice aux entreprises respectant les règles du marché.
A noter que 19 % des enquêtés considèrent le marché parallèle parmi les trois contraintes les plus sévères
En ce qui concerne le financement, il a été classé en tant que contrainte structurelle qui perdure. D’ailleurs, l’enquête a dévoilé que les besoins de financement des entreprises se sont accrus en 2014, et ce, essentiellement pour le financement d’exploitation (42% contre 38% de besoin de financement d’investissement). Notons que le financement bancaire est considéré comme contrainte sévère pour la majorité des entreprises.
D’autre part, les appréciations des chefs d’entreprise au niveau des procédures administratives apparaissent moins favorables qu’auparavant. Ainsi et pour accélérer un service, les responsables sondés déclarent qu’ils sont contraints de recourir à des malversations.
On en déduit que les délais de prestation de certains services sont longs et freinent, en quelque sorte, le bon déroulement des affaires.
Prenant à titre d’exemple la douane, en 2014, les déclarations des chefs d’entreprise ont permis de calculer le délai moyen entre le moment où les produits arrivent au point d’entrée du territoire et le moment où les procédures douanières sont effectuées, soit 14,5 jours. On note, dans ce cadre, que la longueur des délais ainsi que la complexité des procédures ont été signalées comme un point d’entrée pour la corruption, notamment la corruption dans le secteur institutionnel qui a été présentée comme une manifestation de la faible qualité institutionnelle et de la mauvaise gouvernance. Elle a été identifiée comme un facteur susceptible de réduire l’efficience des investissements publics productifs et de décourager l’investissement privé.
En fait, par rapport à 2013, 42% ont déclaré que la corruption s’est accentuée et 44% ont annoncé qu’elle s’est maintenue.
La douane compte, de même, parmi les institutions publiques les moins bien perçues par les entreprises, et ce, au niveau des versements non officiels, avec une valeur estimée à 1.1% de leur chiffre d’affaires.
La même source a fait ressortir que la fiscalité et les charges sociales sont en amélioration , bien que le système fiscal tunisien soit considéré comme contrainte majeure.
En 2014, les appréciations ont montré un certain relâchement au niveau de cette contrainte.
En ce qui concerne les Ressources humaines, le taux d’absentéisme dans les entreprises privées a été de l’ordre de 6.66%, soit 20.5 jours d’absence par employé en moyenne pour l’année 2013. Ce comportement a engendré un manque à gagner estimé à 3.31% du chiffre d’affaires pour la même année.
Le nombre des grèves a été également notable, avec en moyenne 13 jours de grève par entreprise en 2014.
Au final, l’enquête s’est focalisée sur le facteur de l’infrastructure qui a été favorable, reflétant les efforts menés, jusqu’à présent, par les pouvoirs publics dans ce domaine. Toutefois, l’infrastructure du transport a été considéré comme contrainte majeure pour 29% des interrogées contre 26% en 2013.