Le paracétamol est l’un des antidouleurs les plus prescrits pour son innocuité, mais comme tout médicament, il n’est pas dépourvu d’effets secondaires. Une étude réalisée au CHU de Lille montre que 30% des cas d’intoxication aiguë au paracétamol sont observés chez des consommateurs d’alcool excessifs chroniques. Ces intoxications survenant après quelques jours de la prise du médicament et à des doses conformes aux recommandations.
Cet effet secondaire classé sous le nom de « mésaventures thérapeutiques au paracétamol chez le buveur excessif », serait dû à une toxicité hépatique du médicament du fait de la consommation d’alcool excessive.
Les patients concernés par cette étude avaient pris en moyenne 3,15 g de paracétamol par jour, sur une durée médiane de quatre jours, ce qui correspond à une dose tout à fait « admissible » et dans les normes recommandées.
Par ailleurs, les patients ayant présenté une « mésaventure au paracétamol » avaient une atteinte hépatique plus marquée que les patients admis pour intoxication volontaire au paracétamol (tentative de suicide) pour lesquels les doses ingérées sont beaucoup plus élevées.
Ces effets s’expliquent par l’action de l’alcool sur le foie. En effet, la consommation d’alcool réduit les taux de glutathion ( un antioxydant naturel puissant) synthétisé dans le foie. « En cas de consommation chronique d’alcool, les défenses anti oxydantes s’effondrent », explique le Pr. Louvet auteur de l’étude. Or, lors d’une prise de paracétamol, le glutathion est également utilisé pour rendre inoffensif le médicament.
La prise de paracétamol sollicite ainsi le glutathion dont les taux sont diminués par l’action de la consommation chronique d’alcool.
« Malgré des doses plus faibles de paracétamol, les effets sont plus graves chez ces patients », indique le Pr Louvet, préconisant un meilleur encadrement des prescriptions du paracétamol.
Ces résultats devraient amener les instances sanitaires à attirer l’attention du public sur les effets du paracétamol et surtout les précautions nécessaires à prendre pour éviter ce type d’accidents. Le paracétamol étant l’un des médicaments plus vendus dans le monde à raison de 115 000 tonnes chaque année. « C’est souhaitable », ajoute le Pr. Louvet, favorable à « une amélioration de la communication sur le paracétamol ».