Au 19e siècle, le Committee of Concerned Journalists avait annoncé qu’une presse libre ne peut exister sans démocratie. Deux siècles plus tard, qu’en est-il de la liberté de la presse ? Tel est le débat lancé par les membres du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) ainsi que par les représentants de la Haica (Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) lors d’une table ronde organisée dans un hôtel de la capitale Tunis le 13 avril, sous le thème “La protection des journalistes et la déontologie du métier”.
Plus encore que sur les différents secteurs des médias, de la presse écrite à l’audiovisuel, le débat s’est porté sur les problématiques soulevées par les deux décrets -lois 115 et 116 relatifs à la liberté de la presse et à la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle.
Selon l’avocate Imen Bejaoui, interrogée par l’Economiste maghrébin : “Le projet de loi qui sera prochainement présenté à l’ARP et qui a bénéficié de l’accord du gouvernement comprend certains articles qui devraient être retirés » parce qu’ils sont, selon elle, très “dangereux« . Ce projet de loi liera en fait les mains du journaliste qui ne pourra plus ni décrire une situation, ni faire son analyse pour tout ce qui touche de près ou de loin les institutions sécuritaires, ou encore les militaires.
Et de poursuivre :”Si un journaliste entame une enquête ou utilise des documents qui sont en sa possession, il peut être poursuivi à tout moment, et risque un emprisonnement de deux ans et une amende de 5 mille dinars. Cette loi ne doit pas passer. A vrai dire, il y a bien longtemps que nous suivons le ministère de l’Intérieur et bien avant la révolution, il a essayé à une époque de passer des projets loi qui ôtent toute responsabilité aux agents ».
« C’est à la société civile, aux représentants des médias de se mobiliser contre ces projets de loi« , a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, une grande rencontre aura lieu les 24 et 25 avril et réunira les experts, les journalistes, et la société civile pour débattre de cette problématique.
Joint au téléphone par leconomistemaghrébin.com, Zied Dabbar membre du SNJT, dénonce, quant à lui, ce projet de loi qui selon lui serait une protection exagérée au profit des forces de sécurité.