Dans un climat de désespérance, de chômage et de précarité, une partie de la jeunesse tunisienne vit mal ses conditions de vie, sa dépendance financière familiale et son quotidien, entre l’oisiveté et la praxis obligée du siège des cafés, faute d’autre chose. Certains d’entre eux, à « la recherche d’un ailleurs », vivent difficilement leur quête d’émigration officielle ou clandestine. Une minorité est victime de dérives, de bourrages de cranes et même d’imbrication dans le Djihad terroriste. Les jeunes qui ont réussi semblent partager « le vide culturel », l’absence d’horizons et d’ambitions. Ne sous-estimons pas le climat de détresse de la jeunesse.
Les priorités à mettre en chantier au cours des 100 premiers jours identifiées récemment, par le ministre de la Jeunesse et des Sports (point de presse, 16 avril 2015) sont bel et bien en deçà des attentes de la jeunesse et des exigences de la situation. La création d’une d’une « carte de jeune » permettant aux adhérents des Maisons des jeunes d’y bénéficier de certains avantages, est une mesure formelle, vraisemblablement une opération sans conséquence. Il serait bien plus important de réhabiliter les maisons de jeunes et de la culture et de revoir la formation de leurs cadres.
Des stages urgents devraient revisiter leurs méthodes de travail, pour leur permettre une mobilisation culturelle, faisant valoir le débat, l’examen critique et la promotion de la création. Des cercles d’études, des cinéclubs et des clubs de théâtre devraient voir le jour, pour faire valoir la libre initiative et faire échec à la culture de l’absolu, favorable aux dérives. Dans ce contexte, les maisons de jeunes devraient rassembler, autour d’elles, les intellectuels de chaque localité. Le rapport du ministre évoque « la mise à niveau de 20 clubs ruraux, avant de les aménager et de les transformer en maisons de jeunes ainsi que l’aménagement du centre d’élite d’El Menzah et de celui multidisciplinaire de Sfax ». Ne faudrait-il pas compléter les travaux d’infrastructure nécessaires, par une révision courageuse des objectifs, des méthodes de travail et de la libre gouvernance ?
Le souci du ministre, en vue « d’assurer une fin de saison réussie aux plans organisationnel et sécuritaire, et de s’opposer au fléau de la violence dans les stades » est louable. Mais s’agit-il d’une priorité ou plutôt d’une normalisation de l’action gouvernementale ? Ne sera-t-il pas plus pertinent, d’assurer la dynamisation des associations sportives et leur mobilisation, en tant qu’institutions de formation, de dialogue et de respect civique ?
Une vision globale des problèmes de la jeunesse dépasse en réalité le département concerné. Elle concerne bien évidemment l’ensemble du gouvernement, puisqu’elle doit appréhender la question de la formation, de l’emploi, de la culture, de la qualité de vie et des loisirs. Ne faudrait-il pas transgresser cette vision fragmentaire des priorités départementales, qui risque d’occulter l’essentiel et de se perdre dans les méandres des solutions sectorielles ?
Analyse très superficielle des problèmes de la jeunesse.D’abord ce n’est pas le ministre de la jeunesse qui peut trouver des solutions efficaces, déjà celle qu’il a proposé sont simplement débiles et inefficaces. C’est la responsabilité du gouvernement, du pouvoir, de la classe politique, de toutes les catégories sociales…etc. Il nous faut décider quel système économique adopter qui puisse garantir le plein emploi, et quel modèle des société adopter qui puisse concilier liberté et justice.