Le 17ème Forum International de l’Economiste Maghrébin se tiendra cette année le 6 mai à Tunis sur le thème « Le recours de la Tunisie au financement extérieur : Nécessité et limites ».
Fait d’évidence : le recours au capital étranger s’impose comme le passage obligé pour rééquilibrer les comptes nationaux. La raison en est : le recul des IDE, le blocage de l’appareil productif dans des grandes entreprises exportatrices, un secteur touristique en berne, une fièvre revendicative dévastatrice pour les finances publiques… Bref, un déficit budgétaire frôlant le seuil de 5% du PIB.
L’absence d’un marché obligataire dynamique, le tarissement de l’épargne nationale résultant de la détérioration du pouvoir d’achat des ménages, les difficultés d’insérer des solutions de financement innovantes, et surtout le creusement du déficit courant n’ont laissé aucune marge aux autorités tunisiennes pour ne pas solliciter des bailleurs de fonds étrangers. La question est de savoir comment mobiliser les ressources en devises et éviter le dérapage des ratios d’endettement.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’analyse du financement externe et ses implications économiques, sociales et politiques méritent une réflexion approfondie. La question du recours à l’endettement externe soulève une série d’interrogations :
- Une question de soutenabilité de la dette : Avec une croissance molle (2.3% en 2014) la dette tunisienne est-elle encore soutenable ? Quel plan d’action faudra-t-il engager pour inverser la tendance et remettre la Tunisie sur le sentier du désendettement ?
- Une question d’arbitrage entre les sources de financement : La Tunisie a-t-elle suffisamment épuisé toutes les sources de financement multilatérales et bilatérales avant de sortir sur les marchés internationaux de capitaux sans aucune garantie ? La conditionnalité des bailleurs de fonds multilatéraux est-elle si contraignante pour justifier notre recours aux marchés ? En quoi le financement par les Sukuks islamiques est-il plus adapté à la situation de l’économie tunisienne ?
- Une question de capacité à réformer : Comment peut-on capitaliser l’optimisme suscité par les avancées sur le terrain institutionnel (Constitution, crédibilité des élections) pour enclencher une vraie dynamique de réforme génératrice d’un cercle vertueux de l’endettement ? Pour quelles raisons une telle dynamique tarde encore à voir le jour ?
- Une question de citoyenneté : quelle crédibilité pour le discours de diabolisation de l’endettement lorsque ses adeptes omettent de dénoncer le désordre qui règne dans les grandes entreprises publiques exportatrices ? De quelle citoyenneté parlons-nous si la variable «productivité » est peu prise en considération? Le coût de l’endettement externe n’est-il pas in fine le prix du dérapage budgétaire provoqué par une gouvernance inappropriée dans le secteur public et un populisme syndical ?
Programme :
5 mai 2015
20h : Dîner-Débat en partenariat avec la Délégation de l’UE en Tunisie : « Le financement bilatéral : l’Accord de l’Association de libre-échange Tunisie-UE, 20 ans après ».
Entre la volonté de soutenir une démocratie naissante et la montée des difficultés financières des pays donateurs (menace déflationniste en Zone euro et effondrement du prix du baril pour les économies pétrolières du Golfe).
6 mai 2015
(9h -11h15) – PANEL 2 : Le financement multilatéral
Un financement à bon marché avec une conditionnalité jugée étouffante
Financement à bon marché versus Conditionnalité jugée étouffante
-11H30 -13H30 – Panel 3 :
IDE, Fonds d’investissements (privés et publics) et Obligations classiques et Sukuks islamiques : : Des financements de marché à la merci des diktats des agences de notation.