Un grand nombre de caisses de dépôts et consignations (CDC) ont participé au 3ème Forum mondial des Caisses de dépôts qui s’est tenu hier à Tunis. Ce forum constitue une plate-forme d’échange et de soutien entre les différentes caisses de dépôts et se tient tous les deux ans, dans l’un des pays membres.
Le Forum, qui réunit les présidents et directeurs généraux des Caisses de dépôts, se veut une plate-forme de rencontre et d’échange d’expériences en matière de développement économique. Il compte actuellement 15 membres, notamment de l’Union européenne, du Maghreb, de l’Afrique Subsaharienne et des Amériques.
Ce 3ème Forum mondial des Caisses de dépôts, placé sous le thème ‘‘La CDC au service des économies nationales’’ est le prolongement de celles de Marrakech en 2011 et de Paris en 2013. Les thématiques abordées touchent aux grands principes d’intervention pour le soutien aux petites et moyennes entreprises, le financement des infrastructures et la promotion du logement et du développement urbain en Afrique.
Les membres du forum ont aussi valider la feuille de route pour la période 2015-2017 réalisée par les groupes de travail chargés de la préparation des investissements dans les secteurs des entreprises, des infrastructures et du logement.
Pour cette édition de Tunis trois panels ont débattu de trois axes du forum, à savoir :
- Le soutien aux entreprises du chaînon manquant (TPE-PME)
- Les modes de financement des infrastructures
- Les approches pour promouvoir le logement social et le développement urbain
Après l’allocution de bienvenue de Mme Boutheina Ben Yaghlane Ben Slimane, Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Finances, Habib Karaouli , président directeur général de la Banque des affaires de Tunisie a introduit les intervenants et présenté le programme de la manifestation. Il a déclaré que le forum constitue une opportunité pour débattre des contribution que peuvent apporter les caisses de dépôts dans le développements des pays et en particulier dans les domaines choisies comme axes principaux de cette édition de Tunis. Ce forum se veut une plateforme d ’échange d’idées et d’expériences dans le domaine. Il a ensuite présenté les thèmes des trois panels et des panélistes ajoutant que le forum constitue une opportunité pour faire l’état des lieux des problématiques rencontrées en Afrique dans chacun des secteurs concernés.
Il est à relever qu’un grand nombre de premiers responsables de caisses de dépôts et de leurs filiales étaient présents à ce forum qui compte 11 caisses de dépôts membres dont 8 sont opérationnelles (Brésil, Gabon, Italie, France, Maroc, Mauritanie, Sénégal et Tunisie), deux caisses créées juridiquement (Cameroun et Congo) et une caisse d’autonome amortissement (Benin).
Financement: la problématique des TPE/PME
Le premier panel a eu à débattre de la problématique du financement des très petites et petites entreprises. En introduction des travaux du panel le document de travail révèle que le secteur privé assure 70% de la production, réalise 70% des investissements et représente 60% des emplois en Afrique. En Afrique du Nord, les TPE/PME représentent 60% du PIB, 85% des entreprises du secteur formel et près des 2/3 des emplois. Les TPE/PME représentent 90% des entreprises d’Afrique subsaharienne dont 70 à 80% sont des micro-entreprises. Des interventions des panélistes et des débats, il ressort que la grande problématique de ces TPE/PME est l’accès au financement et c’est à ce niveau que les caisses de dépôts sont appelées à jouer un rôle majeur. Comme préalable à cette intervention il est important d’harmoniser les définitions de ces TPE/PME, de définir les canaux d’intervention des caisses, les garanties nécessaires. Les rôles du capital risque et de la Bourse des valeurs mobilières. De même, il y a lieu d’adapter le cadre juridique et réglementaire et d’alléger la fiscalité et le niveau de la taxation et pour la mise en place d’un écosystème favorable à la TPE/PME.
Le financement des infrastructures en Afrique
Le financement des projets d’infrastructure en Afrique a été le thème du deuxième Panel du Forum.
La note introductive relève que le défaut d’infrastructure constitue un frein économique (1 à 2% du PIB/an) et baisse de 40% de la productivité des entreprises. Les besoins en Afrique dans ce domaine sont estimés à 93 MDS de dollars par an jusqu’à 2020 (15% du PIB) dont 2/3 en investissements et 1/3 en maintenance.
Pour faire face à ce manque de financement, les discussions ont mis l’accent sur l’apport des caisses de dépôts dans le financement des projets d’infrastructures. A ce propos, les co-investissements publics/privés, notamment à travers les PPP (partenariat public/privé) ont été proposés comme moyen de résoudre la problématique du financement.
A ce propos, les CDC ont un rôle à jouer pour compléter les instruments de financement existants en Afrique, en adaptant leurs critères d’éligibilité à la taille des projets et aux besoins des populations pour faire effet de levier sur le financement et coordonner tous les acteurs du financement des infrastructures, à savoir l’Etat, les bailleurs de fonds internationaux, les fonds d’investissements, les collectivités locales, les investisseurs privés locaux…
Logement et développement urbain : quelle approche adopter ?
Le troisième et dernier panel du forum a traité d’une grande problématique en Afrique : le logement et particulièrement le financement du logement social et quel rôle peuvent jouer les CDC.L’urbanisation rapide et croissante de l’Afrique subsaharienne a fait naître des besoins énormes en logement et leur couverture constitue un enjeu social et économique majeur.
A ce propos, les intervenants ont relevé que les CDC peuvent jouer un rôle mobilisateur de l’épargne pour financer les logements et les projets d’urbanisme. Les CDC peuvent ainsi participer au financement des logements en fournissant notamment un appui aux gouvernements pour la gestion de financements extérieurs et des subventions. Elles peuvent contribuer au financement du secteur pour augmenter la production de logements abordables, grâce à la baisse des prix due à des gains de productivité, tout en réservant les subventions publiques à des aides socialement ciblées accordées directement aux acquéreurs.