«Le capital investissement : accélérateur de l’économie tunisienne», tel est le thème de la première conférence annuelle du capital investissement, organisée, aujourd’hui, par l’Association Tunisienne des Investisseurs en Capital ( ATIC ), ayant pour objectif de partager les expériences et le savoir faire entre les acteurs du capital investissement tunisiens et étrangers, et de promouvoir le capital investissement en tant que levier de création de nouvelles entreprises, de croissance et de création d’emplois dans les régions.
Y ont pris part Jalloul Ayed, candidat à la présidence de la BAD, Boutheina Ben Yaghlane, secrétaire d’Etat des Finances, Karim Ghenim, président de l’ATIC, Jamel Belhaj, directeur général de la CDC, Isabelle Bébéar, directrice de l’international et de l’université BPI France, Anne Fossemale, directrice Equity Fonds BERD UK, Aziz Mebarek, associé-fondateur d’Africinvest, ainsi que des experts de renommée en la matière.
Le capital investissement ou Private Equity joue un rôle important dans le financement des entreprises, le développement économique des régions intérieures et la création d’emplois. Il constitue, aujourd’hui, la seule source de capitaux stables disponibles répondant aux besoins en fonds propres des start-up et PME tunisiennes.
Il accompagne à moyen terme les sociétés du portefeuille dans un processus de création de valeur économique, dont la bonne gouvernance et la convergence des efforts des investisseurs et des dirigeants vers un objectif commun restent les piliers de ce processus. L’expertise des uns et l’ambition et la détermination des autres font que les entreprises financées par le capital investissement affichent de meilleures performances financières, payent plus d’impôts et recrutent plus que les sociétés qui ne le sont pas.
Le capital investissement est plus risqué que l’investissement dans des sociétés cotées et plus particulièrement pour les sociétés en création. Pourtant d’importantes synergies existent entre le capital investissement et le marché financier. L’un ne peut s’épanouir sans le développement de l’autre, d’où l’importance de travailler conjointement pour le développement des deux métiers.
En chiffres, les opérations de capital investissement réalisées courant l’année 2013 ont été de l’ordre de 260 millions de dinars (MDT), dont plus de la moitié dans des zones de développement régional, permettant la création de plus de 200 entreprises avec des levées de fonds estimées à 900 MDT. Ce qui a permis l’amélioration du taux de pénétration du capital investissement en Tunisie à 0.33% du PIB, comparé à 0.1% pour le Maroc et 1% pour les Etats-Unis et le Royaume Uni.
Par ailleurs, le capital investissement est considéré un des moteurs du financement de l’économie réelle et du tissu entrepreneurial tunisien. Et pourtant, les sociétés du capital investissement font face à des défis importants dans la gestion des sociétés en portefeuille et l’exécution de nouveaux investissements dans le climat actuel d’activité économique atone et d’accès limité au crédit.
Conduire cette activité dans des conditions économiques difficiles est d’ores et déjà un défi à relever pour que le rôle que joue le capital investissement soit consolidé.
Pour ce faire, l’Etat devrait privilégier l’orientation de l’épargne longue vers le système productif de l’économie. Cette épargne viendrait financer en partie les besoins en fonds propres intermédiés des PME tunisiennes, car ces besoins sont largement supérieurs aux montants investis.
L’Etat devrait donc penser à mettre en place un nouveau mécanisme pour combler le déficit de financement des PME ou aussi chercher un moyen pour renforcer la contribution du capital investissement dans le financement de l’économie. Les solutions existent mais devraient s’inscrire dans une vision à long terme sur le devenir de l’industrie du capital investissement qui reste la solution pour le financement et le renforcement du tissu productif tunisien.
Règlementation : rôle et limites
Le contexte législatif et réglementaire joue, également, un rôle important dans le développement du métier, comme en témoigne la consolidation du niveau des investissements réalisés par l’industrie du capital investissement, suite à l’amendement de la loi régissant le métier en fin 2011.
Cependant, les défaillances à redresser existent encore, notamment, la révision des frais de gestion qui sont actuellement de l’ordre de 20% contre 0% en France, l’allègement de l’exonération fiscale en entrée ou en sortie pour la plus-value des cessions, l’allègement du ratio de diversification des actifs qui est de 15%, l’augmentation du ratio d’obligation convertible qui est à hauteur de 30%.
Il faut aussi revoir le code des sociétés commerciales pour créer d’autres instruments de financements plus adaptés, élaborer des normes comptables fixant la valorisation des titres au niveau du portefeuille, revoir le code des organismes de placement collectif ( OPC )…
Outre la révision réglementaire, la croissance du métier du capital investissement requiert d’autres préalables, notamment le développement de l’esprit entrepreneurial et la stimulation de l’innovation en tant que cœur de métier.