Avocate et femme politique tunisienne, Bochra Bel Hadj Hmida nous parle de la femme, de la parité entre homme-femme. Rencontrée lors de la conférence « Les médias et le renforcement du concept de la citoyenneté égale en Tunisie », Bochra Bel Hadj Hamida relève certains points qui font l’objet d’une polémique ces derniers jours. La présidente de la commission des droits et libertés à l’ARP se bat aussi pour l’égalité des genres.
leconomistemaghrebin.com : Comment peut-on s’assurer d’avoir un équilibre entre les hommes et les femmes dans les postes à responsabilité, notamment dans la vie politique ?
Bochra Bel Hadj Hmida : C’est l’objectif à atteindre. On arrivera finalement à l’atteindre. Nous avons une opportunité dans la Constitution qui impose à l’Etat tunisien de prendre toutes les mesures afin de garantir la parité à travers toutes les lois. Il en est de même pour d’autres projets de loi comme celui du Conseil supérieur de la magistrature et de la Haute instance de prévention contre la torture. Il est de notre devoir de parler de parité. C’est dire que les occasions ne manquent pas pour concrétiser la parité. Nous avons une opportunité. L’essentiel c’est de ne pas l’oublier. Je suis sûre qu’avec des lois, il va y avoir du changement, mais il faudrait aussi que les dirigeants politiques prennent conscience qu’il n y’a pas d’avenir durable en Tunisie sans la parité et l’égalité.
Aura-t-on un jour une femme pour présidente ?
Oui, pourquoi pas ?
Que pensez-vous du Conseil supérieur de la magistrature qui fait polémique ?
La commission est en train d’avancer surtout sur les discussions, la structure, la représentation, les pouvoirs prorogatifs de ce conseil. Mais je pense finalement que même si personne ne sera à cent pour cent satisfait, l’essentiel pour nous est qu’on arrive à formuler une loi qui garantisse l’indépendance de la justice. Mais quand on parle de l’indépendance de la justice, cela ne veut pas dire une justice sans contrôle. Aucun corps de métier, aucune fonction, aucun pouvoir quel qu’il soit exécutif, législatif, judiciaire ne peut fonctionner et garantir son efficacité sans contrôle. Ce qui est un peu le débat de ces derniers jours, c’est que la justice, qui pense être seule responsable de son indépendance, estime qu’elle n’a besoin d’aucun contrôle. Ce qui est faux, tout pouvoir a besoin d’un contrôle.
et le projet de loi relatif à la protection des forces armées et qui porte atteinte à la liberté, aux droits des citoyens
Il faut savoir qu’à ce jour, aucune commission n’a pu examiner ce projet de loi. Les corps armés ont certes besoin de meilleures conditions de travail, mais ce n’est pas avec cette loi que régnera la confiance. Il faudrait d’abord que cette loi soit discutée et j’espère que ce débat aboutira à un pacte entre les forces armées et les Tunisiens.