On ne le dira jamais assez, car les mots sont trop faibles pour décrire l’état répugnant et choquant de certains hôpitaux et infrastructures sanitaires de notre pays. Aujourd’hui, l’ensemble de la chaîne logistique souffre d’insuffisances. Toutes les structures sanitaires, tous les départements, toutes les spécialités sont sinistrés, comme le montrent les illustrations, publiées par un groupe audacieux de praticiens pour, vraisemblablement, crier leur ras-le-bol.
Le secteur de la santé publique en Tunisie est, aujourd’hui, pour ainsi dire, dans un état comateux et bon nombre de nos hôpitaux sont dans un état de dégradation avancée. Plusieurs fois déjà, les praticiens hospitaliers ont attiré l’attention des pouvoirs publics sur la situation. Mais la réponse des autorités tarde à venir, alors que c’est la population tunisienne qui en paye la première le prix fort ainsi que les praticiens comme l’a déjà dénoncé le syndicat des internes et des résidents en médecine de Tunis (SIRT) : «Les raisons des démissions de certains médecins sont l’état désastreux des hôpitaux, la surcharge de travail et de gardes, les mauvaises conditions pour exercer la médecine, la violence contre les médecins, le manque d’équipements toujours dans l’attente de sa réparation, la non-valorisation de la médecine dans les gouvernorats… »
Et de poursuivre : »Malheureusement, dans certains établissements hospitaliers, il n’y a plus de brancards ni de fauteuils roulants. Les brancardiers aidés des parents suent sang et eau pour trouver des moyens de transport pour le déplacement des malades d’une unité à une autre… »
Effectivement, déjà certains médias audiovisuels ont montré des matelas pouilleux, déchirés et malodorants, les sanitaires dans un état d’insalubrité indescriptible.
En gynécologie, en médecine, en chirurgie, en pédiatrie, les WC sont rares et les malades font leurs besoins dans des seaux en plastique. Images inoubliables.
Mais qu’est-ce qui explique cette défaillance du secteur public de la santé ? Pourquoi la santé n’est-elle pas une priorité dans l’action politique ? En tout cas, les Tunisiens et notamment les malades fragiles et en situation précaire, attendent que les autorités puissent, avec un cri du cœur, leur dire la vérité sur les conditions extrêmes de ce secteur vital et incontournable et les démarches qu’elles préconisent pour restructurer et développer notre système sanitaire ainsi que sur le budget d’investissement et le budget pour l’achat de matériels afin de faire face aux innombrables besoins dans le secteur.
Les photos dénonçant l’état de l’hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax ont été publiées sur les réseaux sociaux par un groupe de médecins anonymes. On voit bien qu’elles témoignent de la déchéance des infrastructures de santé publique en Tunisie, mais aussi, on voit bien que les autorités semblent s’y plaire en faisant la sourde oreille.
Cependant, le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, semble avoir été ébranlé par les « illustrations de la déchéance » et a promis ce vendredi ,sur les ondes de Mosaïque Fm, de se rendre à hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax.
En tout cas la qualité des soins devrait commencer d’abord par la propreté des hôpitaux. Il y a une révolution à faire dans ce secteur sensible également car on ne peut faire fi de la santé des citoyens.