Après le 14 janvier 2011, la Tunisie s’est trouvée dans une phase de déclin sur le plan économique : un déclin qui est devenu presque inéluctable. Mais comment peut-on vraiment imaginer le décollage face à une situation chaotique, où tout le monde cherche une solution pour dépasser cette crise ? Que faut-il faire? Quelles sont les solutions? Telle est l’initiative lancée par un grand nombre d’acteurs du monde de la finance et de l’économie. Parmi eux figurent Ahmed Mansour, expert-comptable, président de la Fondation tunisienne de la vérification et de la gouvernance, l’ancien ministre des Finances, Slim Besbes, les représentants de l’Ugtt (Union générale tunisienne du travail), de l’UTICA, (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat), une responsable à la Banque centrale, ainsi que les experts-comptables se sont réunis, samedi 25 avril, autour d’une table ronde, dans un hôtel de la capitale.
Croire que la situation allait s’arranger après le 14 janvier, était le souhait le plus cher de tous les Tunisiens, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. La question principale soulevée lors de cette rencontre, était la suivante : Comment peut-on intervenir aujourd’hui pour booster l’économie tunisienne qui est en train de s’effondrer ?
Pour Ahmed Mansour, expert-comptable, les points “essentiels” portent l’augmentation du pouvoir d’achat, qui est l’une des priorités des Tunisiens, alors que le gouvernement négocie avec les parties syndicales.
En réalité, la Tunisie est endettée, voire surendettée auprès du FMI et autres organismes financiers, poursuit-il. Et de surenchérir : « Comme toute personne qui prête une fois, mais qui ne prêtera pas une seconde fois », a-t-il dit. La solution selon lui serait qu’il y ait une prise de conscience pour faire face au “terrorisme économique”.
Pour sa part, M. Slim Besbes, ancien ministre des Finances, a indiqué : “ Le citoyen est également responsable, il faudrait que chacun de nous assume la situation dans laquelle il se trouve”.
Et de poursuivre : “ Il faut créer une feuille de route sur tous les secteurs quels qu’ils soient : social, enseignement, santé etc. Le grand défi est d’avoir une vision claire quant à l’avenir du pays”. Ajoutant entres autres : “ Ce que nous avons reçu ce ne sont pas des dons mais bien des prêts… Il faut un porteur de projets sur tous les plans”, a ajouté l’ancien ministre.
Tous les présents ont déploré le fait que la situation économique est en déshérence, avec un endettement extérieur qui a doublé en quatre ans depuis 2010. Il était estimé à 6.5 milliards de dinars et quatre ans plus tard, il atteint 11.5 milliards de dinars, pratiquement le double.
Sur un autre volet, le marché parallèle- ou ce qu’on appelle plus communément la contrebande- a fait l’objet également d’un débat. Comment y mettre un terme sachant que ce fléau a accaparé quelque 50 % du marché formel ?
Tous ces thèmes brûlants seront débattus lors d’un congrès international qui aura lieu le 5 juin, afin de trouver les solutions idoines pour résoudre la crise actuelle.
Quant au président de la chambre régionale de la Cour des comptes de Sousse, Hédi Zeramdini, il semble convaincu que “ le vrai problème réside dans la difficulté de gouverner le pays. La solution, à mon avis, tient à un changement des mentalités, à une prise de conscience générale pour espérer un avenir meilleur ».
Par ailleurs, l’accent a également été mis durant le débat sur la situation de la gouvernance. Pour Jameleddine Khemakhem, secrétaire d’Etat à la Gouvernance, le vrai problème est les grèves à répétition : « Malheureusement l’Ugtt ne maîtrise plus ses bases parce qu’il y a beaucoup de mouvements qui sont organisés sans accord de la centrale syndicale ».
» On ne peut pas concevoir de solutions, dit-il. Pour moi une chose est essentielle : il faut que l’Ugtt maîtrise ses bases et se concentre sur le dialogue avec les représentants de la société civile « .
Et de continuer: “ Les entreprises doivent reprendre leur rythme normal de travail, sinon il n’y a pas de recrutement, le chômage augmentera. Quand on dit un encadrement structuré, on parle également de la productivité de l’entreprise qui s’améliore. »
“Il faut qu’il y ait une stratégie de priorités dans tous les secteurs. Il n’ y pas une vision claire. La sécurité est la priorité avec les conditions de travail. Quant à l’avenir du pays tout dépend de la stratégie qui sera employée pour les mois à venir”, a-t-il conclu.