L’État garde la haute main sur l’enseignement en ayant la responsabilité de l’organisation et de l’administration de l’ensemble du système éducatif dans un pays où l’instruction est considérée comme un des ciments de la nation et un des garants de la justice sociale. En raison des enjeux politiques, économiques, sociaux, idéologiques et culturels posés par l’enseignement en Tunisie, le système éducatif tunisien est caractérisé au fil des trois dernières décennies par des réformes aventureuses à répétition et par des changements brutaux.
Ainsi, la « rentabilité » de notre système éducatif reste trop bas, car il n’a cessé de se dégrader au fil des incessantes réformes dont le bilan s’avère, aujourd’hui, très préoccupant en raison de son impact néfaste sur les élèves, notamment les plus vulnérables et de ses répercussions sur la société future. Et pour cause, des études menées récemment en Tunisie relèvent qu’un nombre vertigineux d’élèves (l’on parle de 200 000/an) abandonnent l’enseignement de base, outre les centaines de milliers que les grandes écoles déversent tous les ans dans les « boulevards de l’oisiveté et de l’indigence».
Aujourd’hui, les gouvernements parlent de sauver l’éducation, un Dialogue national boîteux sur l’éducation est engagé. Boîteux parce que, déjà au départ, certaines parties prenantes n’ont pas été conviées à une si importante et cruciale initiative. D’abord l’UTICA s’est vu exclue par la volonté d’un des partenaires du dialogue, dit-on en coulisse. Également des associations en relation directe avec l’éducation n’ont pas été invitées, de même les inspecteurs de l’enseignement qui n’ont pas caché leur colère contre leur marginalisation. Cependant, le ministre n’a pas omis de convier tous les Tunisiens : « Tous les Tunisiens seront invités à participer au dialogue national sur la réforme du secteur de l’éducation et pourront présenter leurs attentes et leur vision de l’école idéale », a-t-il lancé.
Selon le ministre Neji Jalloul, qui a donné, lundi 20 avril 2015, le coup d’envoi au dialogue national sur la réforme du système éducatif, a confié qu’il est prévu que ce dialogue se poursuive sur plusieurs mois dans toutes les régions du pays, et devra aboutir à un livre blanc regroupant les recommandations et les mesures à mettre en route pour que la prochaine année scolaire soit la première amorce avec un nouveau modèle d’éducation.
Le débat national sur la réforme du système éducatif a également soulevé, entre autres, le problème des disparités régionales en matière d’éducation et celui de la formation des éducateurs.
« Nous devons mettre en place une école qui tienne compte des besoins des élèves et qui leur offre un environnement respectueux des valeurs de la tolérance et du respect d’autrui et qui est propice à leur épanouissement », a martelé le directeur des programmes en promettant de prendre à bras-le-corps le problème des élèves en rupture scolaire.
La réunion, qui s’est tenue au siège du ministère de l’Éducation, a débouché sur la formation d’une commission mixte entre le ministère de l’Éducation, l’UGTT et l’Institut arabe des droits de l’Homme.
Le ministre de l’Éducation, Néji Jalloul, qui a repris la parole, a expliqué que : « La réforme portera sur de nombreux axes, à savoir l’amélioration de la qualité de l’enseignement, la formation des enseignants, l’évaluation et la révision du temps scolaire, la lutte contre l’abandon précoce et l’évaluation des programmes scolaires. »
(Dossier à suivre)