Alors que le pays avance un peu plus chaque jour tout droit vers le précipice, cela ne semble guère gêner outre mesure ni les honorables Administrateurs ni la masse des protestataires qui ne cesse de gonfler et dont les revendications frôlent parfois l’indignité.
Avec une croissance molle (2,4 % au plus en 2014), une inflation galopante (5.7 % – 6 %), un cumul de déficits préoccupant (6% -7% de déficit public et 11,7 milliards de dinars de déficit commercial), un taux de chômage encore élevé (15,4 %), un endettement en hausse (51 % du PIB), l’économie tunisienne a plus que jamais besoin d’un électrochoc pour rééquilibrer les comptes de l’Etat et améliorer les conditions de vie du citoyen tunisien.
C’est dans ce contexte que le Centre d’études maghrébines à Tunis et le Fonds des Nations unies pour la démocratie ( UNDF ) ont organisé une conférence de presse, ce mardi 28 avril sous le thème : « Consolidation de la démocratie en Tunisie à travers le renforcement des capacités de la société civile tunisienne, des partis politiques et des médias à comprendre et à répondre aux demandes des citoyens ».
Voilà ce qu’en pensent les Tunisiens, selon un premier sondage réalisé au mois de juin 2014 sur un échantillon de 1220 personnes âgées de plus de 18 ans touchant 18 délégations. 9.6% des Tunisiens considèrent la relance économique comme l’un des principaux problèmes auxquels est confronté par le pays. C’est ce qu’a révélé l’universitaire et maître de conférences Dhafer Mellouch, mardi 28 avril 2015. « Quoique insuffisant, le chiffre 9.6 % n’est pas négligeable dans la mesure où il reflète une vue globale sur la situation économique et sociale et les difficultés qui empêchent la relance économique», a-t-il commenté.
« On a posé diverses questions, par exemple d’ordre économique dont celle-ci : Quel est le plus grand problème auquel est confrontée la Tunisie ? Nous avons laissé aux sondés la liberté de donner leurs avis sans aucune influence ou orientation », a confié Dhafer Mellouch. « Il s’est avéré que 20% des Tunisiens trouvent que le problème du chômage est l’un des principaux problèmes auxquels la Tunisie fait face, 18% estiment que la hausse des prix reste encore un autre problème majeur et 50% sont préoccupés par la situation économique du pays, les écarts entre les classes sociales, la pauvreté, la reprise de la croissance économique »,a-t-il ajouté.
L’étude a aussi montré que la lutte contre le terrorisme n’est pas la première préoccupation des Tunisiens. À la question de savoir où sont spécifiquement localisés les problèmes et comment ils sont perçus selon chaque région, l’universitaire et maître de conférences Dhafer Mellouch a attesté que les problèmes sont ressentis unanimement et dans le même ordre d’urgence à de petites nuances près.
La révolution ne s’avère pas un chemin pavé de roses. Les Tunisiens doivent surtout relancer une économie mise à mal par des années d’instabilité. La tâche est immense et le temps presse. C’est le principal défi du nouveau gouvernement Habib Essid.
Interrogé sur l’objectif du sondage, Dhafer Mellouch a déclaré que » notre mission consiste à donner des chiffres qui reflètent les préoccupations majeures de la population et c’est aux décideurs d’en prendre la mesure et de tracer les orientations qui s’imposent « , a-t-il indiqué.
70 enquêteurs ont été déployés sur trois municipalités du Grand-Tunis, La Marsa, Cité el Khadra et Jbel Jeloud pour sonder la population. Il semble que les personnes interrogées montrent plus de disponibilité dans les quartiers populaires pour donner leur avis sur les questions qui préoccupent le plus les Tunisiens.
Lors du sondage de 2014, ce sont les questions économiques qui étaient le plus abordées telles que le pouvoir d’achat, la cherté de la vie… les questions politiques sont passées au second plan avec la baisse de popularité du mouvement Ennahdha et l’envolée de Nidaa Tounes » que nous avions anticipée « , souligne Dhafer Mellouch.
Quant à Ellen Lust, professeur à Yale University , intervenue lors du point presse sus-mentionné, elle a fait remarquer que » la corruption ne préoccupe pas outre mesure les Tunisiens qui restent convaincus que seul le bon piston est capable de vaincre le chômage et que donc pour accéder à un emploi, rien de tel que de dénicher le piston en question indépendamment du diplôme obtenu. »