« Combler l’écart numérique : ce n’est pas trop tard, c’est presque trop tard! », cette annonce a été faite par le ministre Nooman Fehri, jeudi dernier, lors d’un déjeuner- débat en présence des premiers responsables de banques, de représentants de la presse et de hauts cadres du Département pour présenter une nouvelle carte « La Carte Technologique Internationale ».
Entouré du président de l’APTBEF, Habib Ben Saâd et du Directeur des paiements à la BCT, M. Ali Kedhai, le ministre a, tout d’abord, présenté cette carte comme étant un premier pas de rattrapage. Elle sera disponible, à compter du 15 mai prochain, afin de permettre certains paiements internationaux, comme les frais relatifs à l’hébergement de sites Web ou d’applications mobiles, à la publicité et aux abonnements aux sites Web étrangers, notamment les plateformes de sous-traitance (Freelance) et les sites Web à caractère éducatif, les dépenses relatives à la collecte d’informations et à l’achat de services de formation en ligne, d’outils de développement d’applications et de licences logiciels. Elle est destinée aussi bien aux personnes physiques qu’aux entreprises pour répondre aux besoins de leurs activités. Les paiements, durant une année calendaire, peuvent atteindre 1.000 D pour les premiers et 10.000 D pour les seconds.
Au cours des débats qui ont suivi, il a été relevé une adhésion et un soutien des banquiers présents qui suggèrent, toutefois, une gestion allégée du suivi des opérations réalisées par le biais de cette carte. Quant à l’importance de sa mise en œuvre, elle a été argumentée et soulignée, avec passion, par un représentant de « Les Jeunes Décident » qui a affirmé que jusque-là des milliers de développeurs tunisiens n’avaient pas la possibilité de soumettre leurs produits sur Internet, la soumission étant payante en ligne et les cartes de crédit locales ne sont évidemment pas acceptées à l’étranger. Dans sa conclusion, comme pour rassurer, il a affirmé que les devises déboursées seront largement amorties par les recettes générées par cette carte.
Le ministre a, d’autre part, souligné à cette occasion que dans le cadre de la stratégie « Tunisie Digitale 2018« , trois actions majeures sont inscrites:
- Généraliser l’accès à l’internet haut débit au profit de toutes les familles d’ici à 2020 (celles non connectées sont estimées à 2,7 millions ) avec dans une première étape de permettre, d’ici à la fin de 2018, à 60% des familles tunisiennes d’accéder au réseau internet à très haut débit, pour atteindre l’objectif de 100% en 2020
- Instituer l’école numérique afin de permettre aux jeunes de mieux se préparer aux emplois de demain
- Accéder à l’administration par le numérique (e-gov) en vue d’épargner aux citoyens certains déplacement superflus.
Par ailleurs, outre l’annonce du lancement de la carte technologique, le ministre en a également dévoilé d’autres lors de ce déjeuner-débat comme :
- Les extraits de naissance pourront être obtenus via internet.
- Donner la chance aux jeunes compétences de s’exprimer. Il a saisi cette occasion pour présenter le nouveau responsable désigné à la tête des Poste tunisiennes, M. Moez Chakchouk.
- La Poste sera ouverte à l’avenir les samedi.
- L’ADSL 4 méga sera désormais offert au prix du 2 méga.
Enfin, le ministre a mis en exergue que les différents chantiers prévus dans le cadre de « Tunisie Digitale 2018 » vont nécessiter la mobilisation de 5 milliards de dinars financés à hauteur d’un tiers par le public et de deux tiers par le secteur privé et permettre le doublement du nombre d’emplois dans le numérique, pour passer de 80 mille à 160 mille personnes actives dans ce domaine en 2018.
Quant à une question posée sur l’opportunité de telles initiatives qui ne vont pas dans le sens des véritables besoins des familles, le ministre a répliqué que ce même argument a été soulevé à Bourguiba lorsqu’il s’était fixé, juste au lendemain de l’indépendance, comme première priorité, la généralisation de l’éducation scolaire.