C’est sur fond d’un budget d’Etat malmené que se sont expliqués, par medias interposés, Houcine Abassi tout d’abord, Secrétaire général de l’UGTT et Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA puis Mohamed Tahri, secrétaire général adjoint de l’UGTT. Les syndicalistes reprochant à l’UTICA l’ampleur de « l’évasion fiscale » induite par les hommes d’affaires tandis que la chef du patronat tunisien, tout en réfutant l’argument, oppose la baisse de la productivité et le climat social malsain qui n’autorise pas un comportement positif des investisseurs tout en exposant l’entreprise à une véritable descente aux enfers. Ainsi tout en rappelant que 67% des investissements sont réalisés par le secteur privé et 80 % des exportations proviennent du même secteur, Wided Bouchamaoui fustige la baisse draconienne de la productivité, sclérosée par un comportement de « révolutionnaire permanent » des ouvriers, digne parfois de la période de la révolution industrielle en Europe et des écrits de l’époque de Karl Marx et de Friedrich Engels.
En fait, une lecture critique des déclarations traduit un malaise réel au sein de la centrale syndicale, accusée, à raison, par une très large frange de la population de mener le pays vers une véritable déroute avec des ouvriers et des fonctionnaires du secteur public, très loin du rendement primaire, comme l’atteste la dernière étude concluant à 8 minutes de travail par jour au lieu des 8 heures réglementaires. L’UGTT à défaut d’un argument chiffré surtout que les grèves du transport et des enseignants du secondaire avec notamment la déclaration imagée de Lassad Yacoubi sur l’eau de mer, ont été très mal vécu par la population, se remet à la vieille rengaine du clivage Syndicat/Patronat en accusant les patrons de pratiquer l’évasion fiscale et de ne pas contribuer au budget de l’Etat alors que les employés eux, piégés par leur fiche de paie, le font.
Même si une partie des propos de la centrale syndical est juste, il demeure néanmoins évident qu’au lieu d’orienter le budget de l’Etat à plus d’investissement, les revendications de l’UGTT et notamment celles de ses « seconds couteaux », plongent encore plus le budget de l’Etat dans le désarroi. Rien que cette semaine, l’Etat devra trouver entre les augmentations de la fonction publique, celles des entreprises publiques et des enseignants du secondaire, une manne de 750 millions de dinars.
En tout et avant que ne soit entamées les négociations de l’exercice 2015, l’Etat devra affecter environ 1100 millions de dinars additionnels à l’accroissement des dépenses de fonctionnement qu’il faudra financer par de l’endettement, probablement externe. Imaginer que ce montant ait été dirigé vers l’investissement, nous aurions pu alors créer 27 milles emplois à raison de 40 mille dinars par emploi créé. Mais, là ce n’est pas la priorité de l’UGTT qui, la tête dans le guidon, prépare déjà fiévreusement son congrès avec le positionnement des uns et des autres.
Aussi malgré l’échange d’amabilités entre les deux centrales, l’Histoire retiendra qui a été à l’origine de la baisse de l’investissement, le pourrissement du climat social, la baisse de la productivité et l’accroissement de l’endettement du pays pour couvrir des augmentations de salaires.
j adore votre objectivité; quand des ouvriers ou des fonctionnaires réclament une augmentation de leurs salaires;ils deviennent des ennemis de la patrie mais quand des hommes d affaires pillent le pays ;ils sont considérés comme de vrais patriotes.Pauvre Tunisie.