Tel est le thème du séminaire organisé par le Centre d’Etudes et de Recherches Économiques et Sociales (CERES) au siège du centre.
Pour les 80 millions d’habitants maghrébins des cinq pays maghrébins (Tunisie, Algérie, Libye, Maroc, et Mauritanie), l’union de ces pays restera-t-elle sur le papier et ne vit-elle uniquement que sur les bonnes intentions ? Le moment n’est-il pas opportun de croire en une relance économique solidaire ?
Pour Ridha Chkoundali, directeur du centre Ceres : “ C’est une nécessité pour les pays du Maghreb Arabe de relancer l’idée de la construction maghrébine pour assurer un développement autonome. Personnellement, il faut exiger la construction de l’Union du Maghreb Arabe ».
Pour lui, la question du conflit libyen est le point nodal de la relance maghrébine: “Il n’y a presque pas d’Etat en Libye. La croissance économique a baissé fortement en Tunisie, au vu des nos exportations en Libye qui ont chuté. » Ajoutant: “ Le Libyen quand il vient ici ne cherche plus à se divertir, mais à trouver sa sécurité, il ne va plus dépenser, il pense que le conflit va perdurer”.
Il a rappelé qu’en 2013, la Tunisie a emprunté 1.712 milliards de dollars auprès du FMI, avec un taux exorbitant, alors que durant cette même année, l’Algérie a prêté au FMI une importante somme du surplus de ses recettes pétrolières importantes. Ajoutant “qu’on aurait dû emprunter directement à l’Algérie au lieu du FMI”.
Présent lors de ce séminaire, le ministre des Affaires étrangères a déclaré quant à la construction de l’Union du Maghreb Arabe : “ Bien que le cadre juridique existe, les avancées sont insuffisantes pour la construction maghrébine et nous avons besoin de faire plus. Autrement dit, tous les ingrédients sont là, mais il faut dépasser les difficultés, certaines carences qu’elles soient d’ordre politique ou non et avancer à pas sûrs dans la construction maghrébine”.
Et de poursuivre: “ Il faut qu’il y ait une solution politique, et c’est urgent, à la crise en Libye car c’est un élément fondamental pour la construction maghrébine. Il faut que les deux forces politiques soutenues par l’Orient et par l’Occident se mettent d’accord pour avoir un gouvernement de transition démocratique avec une nouvelle Constitution, un parlement unique capable de contrôler l’ensemble du territoire dont la seule condition est de réussir dans la lutte contre le terrorisme”.
A propos du dossier des 150 Tunisiens disparus, le ministre a répondu que certains se trouvent détenus dans différentes prisons: » Nous suivons de près ce sujet-là. Toutefois, nous n’avons pas encore connaissance ni du nombre des terroristes, ni de celui des citoyens tunisiens retenus ou en prison, parce qu’en face il n’y a pas qu’un seul vis à vis. Dans ces conditions, le dialoguer reste difficile. »
Concernant l’affaire des deux journalistes Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari, disparus en Libye depuis le 8 septembre 2014 et dont le ministère de la Justice libyen a annoncé la mort, Taieb Baccouche a déclaré: “ Tant qu’il n y’ a pas de preuve qu’ils ont été tués, nous continuerons à enquêter, nous continuons à agir en silence. Cependant si la justice n’a pas réussi à connaître la vérité, l’affaire des deux journalistes sera confiée à la Cour internationale de justice.”