Dans le cadre d’un débat organisé, aujourd’hui, par la Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie ( CTFCI ), sur « La loi de finances complémentaire 2015 et la réforme fiscale », Foued Lakhoua, président de la CTFCI, a annoncé que la Tunisie a connu une période difficile marquée par une croissance atone, une exacerbation sur le budget de l’Etat et un déficit commercial notable…
A cet égard, des réformes approfondies s’imposent dont la réforme fiscale qui est, selon ses propos, une condition optimale d’un développement solidaire et d’une égalité des chances entre les Tunisiens. Pour ce faire, M. Lakhoua a indiqué qu’il faut appliquer en premier lieu la loi. Cette action qui impose l’injection d’une grande dose de courage aux autorités concernées.
Participant à ce débat, Slim Chaker, ministre des Finances, a précisé que tous les indicateurs économiques sont au rouge, sauf la balance commerciale.
De ce fait, il a affirmé que la loi de finances complémentaires 2015 ( LFC ) doit absolument prévoir des mesures de relance à très court terme.
Il a mis l’accent, dans ce sens, sur le problème qu’a connu la douane tunisienne, notamment concernant la contrebande. Pour y remédier, le ministre a préconisé, primo, de réduire la pression fiscale qui est, d’après ses dires, énorme. Secondo, le ministre a assuré qu’une réforme demeure inévitable, et ce, en se basant sur trois axes principaux : miser sur les ressources humaines, moderniser les moyens de la douane et alléger les procédures et les règlements via le contrôle posteriori.
D’autres chantiers de réformes ont été déjà lancés par son ministère, telles que la réforme des banques publiques, la réforme de la fiscalité et la gestion budgétaire par objectifs. Il s’agit d’un travail lourd et difficile mais il demeure indispensable, dixit le ministre.
Au niveau sécuritaire, Le ministre des Finances a déclaré que pour lutter contre le terrorisme, il faut signer des accords de coopération pour que la Tunisie s’intègre dans un système d’information. Il faut, également qu’il ait les capacités et la bonne formation au niveau des douaniers. Il faut, ainsi, des investissements énormes au niveau des équipements. A cet égard, la LFC 2015 consacrera plus de ressources pour les ministères de la Défense et de l’Intérieur.
« Le fait est qu’on peut réussir la lutte contre le terrorisme, la Tunisie peut réussir sa transition économique, en impulsant l’investissement, créant de l’emploi et par conséquent gagner des points de croissance», a-t-il souligné.
De son côté, Ahmed El Karm, vice-président d’Amen Bank, a affirmé que comme l’a annoncé le président de la République, la Tunisie est en guerre contre le terrorisme. Pour la réussir, il faut se focaliser contre ce risque qui exige, selon M. El Karm, une trêve sociale. Il faut, de même, travailler de plus en plus pour développer les exportations et améliorer la productivité…
Au plan économique, notre interlocuteur a précisé qu’avant de parler des réformes fondamentales, il faut que tout le monde applique la loi. Cette application de la loi pourrait nous faire gagner deux ou trois points de croissance.
Ahmed El Karm a assuré, d’autre part, que pour la reprise économique, il importe d’asseoir une dynamique du PPP, déclarer le dinar tunisien convertible, oser opter pour une amnistie fiscale. « Ces trois axes peuvent diriger la Tunisie vers de nouvelles pistes de changement et une loi de prospérité basées sur un environnement propice pour l’impulsion des investissements et la création d’emplois », a précisé M. El Karm.
Rached Fourati, comité fiscalité – CTFCI, a affirmé, pour sa part, que la Tunisie a besoin urgemment de booster l’investissement et absorber le chômage. Pour ce faire, il a recommandé de corriger l’injustice au niveau du payement de la TVA par les PME/PMI, lutter contre la fraude fiscale et la contrebande, supprimer le quotient de 20% appliqué par les entreprises exportatrices.
Il a recommandé, également, de mettre fin aux procédures qui empêchent d’encaisser les produits en dinar pour les vendre sur le marché local, revoir la logique de la retenue à la source, mettre en place une mesure de simplification pour une retenue libérale, et de revoir la logique de la pénalité qui est appliquée d’une façon injuste…