Intitulé « Corridors », ce livre paraît avec une postface de Sadok Ben Mhenni, ancien prisonnier politique et comprend une quinzaine de textes courts et une collection de photos en noir et blanc prises dans des établissements pénitentiaires tunisiens .
Sans parti-pris politique, cet ouvrage de 130 pages est illustré par des photographies, montages de clichés inédits pris dans les prisons tunisiennes. Il permet pour la première fois en Tunisie d’attirer l’attention du grand public sur les sujets de la maltraitance ainsi que les conditions de détention dans les prisons.
Le travail de Héla Ammar permet de présenter un sujet réputé difficile avec un point de vue original, à la fois artistique et rigoureux. Le texte est sobre, direct et laisse transparaître au delà du constat objectif, l’immense émotion que ces visites répétées ont provoqué chez l’auteur.
Héla Ammar a choisi d’aborder ce thème par le biais de l’art et la culture, souvent plus efficaces que les dénonciations et les rapports officiels. « Corridors » est le premier livre illustré sur ce sujet en Tunisie
Selon notre imminent collègue Hatem Bouriel » Corridors » trouve sa genèse dans une enquête sur les couloirs de la mort en Tunisie dont elle est co-auteure. Prolongeant ce travail effectué en sa qualité de juriste – Héla Ammar est docteur en droit -, la photographe s’est engagée dans le développement d’un ensemble d’installations sonores et visuelles dépeignant l’univers carcéral tunisien, ce qui constitue en soi une première.
Le livre s’ouvre sur une photographie de Borj Erroumi sur fond de barbelés et de miradors. La prison de sinistre mémoire est le prétexte pour Héla Ammar de placer son livre sous le signe de l’humain. Elle écrit ainsi en exergue: « Ce n’est à mon avis que dans les prisons que l’on touche à l’humain dans toute sa dimension et dans tous ses paradoxes. Et c’est ici à l’humain que je voudrais d’abord rendre hommage.
Ce livre , poursuit hatem Bouriel,n’en devient que plus humain, plus vrai aussi car il nous donne à entendre la voix des prisonniers tout en nous montrant l’envers des barbelés, le monde retranché des prisons, la vie confinée d’hommes et de femmes mis au ban de la société, enfermés, soustraits à la vue des autres, frappés d’un anathème qui interpelle nos consciences.
« Corridors » de Héla Ammar, Cérès Editions, 130 p, ; prix : 28 DT