Cela va dépendre des populations concernées. Mais il y a surtout un contexte politique bien particulier marqué sans doute par l’importance des oppositions à un gouvernement Essid qui ne semble pas être aussi solidaire que cela.
On commentera sans doute encore et encore les décisions du Conseil ministériel du 15 mai 2015 et ses décisions concernant le bassin minier de la région de Gafsa. On épiloguera même sur ces décisions censées soulager une région et une entreprise – la CPG (Compagnie des Phosphates de Gafsa) – quasiment à l’arrêt depuis la Révolution. Elles ont paru pour un député être « un rafistolage et une administration de calmants ».
Comme savent le faire les Tunisiens, ou du moins une partie d’entre eux, il y a toujours quelque chose à redire. Certains disent que “Laajab” (ce qui est de nature à étonner) n’étonne plus dans notre pays.
Si l’on observe bien ce qui peut être décrit comme la crise des phosphates, il est sans doute utile de se poser une question: que peut faire le gouvernement d’Habib Essid qui est confronté à de nombreux problèmes et défis notamment économiques et sociaux et qui est obligé de prendre des décisions courageuses ?
La question mérite d’autant plus d’être posée que la période quasi de “grâce” des 100 jours terminée, il faudra pour le gouvernement Essid passer à la vitesse supérieure. Celle des réformes qui devront renverser la vapeur.
Force est de constater aujourd’hui que ces décisions risquent d’être contestées ne serait-ce que partiellement. On pourrait dire que c’est de bonne guerre. Nous ne pouvons nous attendre à que des applaudissements. Ces temps sont bien révolus.
Ces contestations pourraient cependant devenir graves voire dangereuses si elles arrivent, pour une raison ou une autre, à bloquer le processus des réformes du reste bien nécessaires pour assurer ce qu’on appelle la transition économique.
Les Tunisiens finissent souvent par s’entendre sur les bons choix
On ne pourra qu’assurer à ce niveau que tout dépendra d’un ensemble de facteurs. A commencer par l’importance des attentes des concernés. Mais aussi par l’importance de l’effort financier que pourra faire l’État pour calmer les ardeurs des contestataires. Il ne pourra pas du reste le faire indéfiniment. En d’autre termes, les caisses de l’Etat permettront-elles cet effort ?
Il y a surtout un contexte politique bien particulier marqué sans doute par l’importance des oppositions à attendre à un gouvernement Essid qui ne semble pas être aussi solidaire que cela.
A prendre en compte, dans cet ordre d’idées, le rôle que pourrait jouer l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail), qui engagée dans une année électorale – son congrès se tient en 2016 -, le Front Populaire, qui se positionne comme défenseur des démunis et des exclus, et tous ceux qui dans la société estiment que la révolution 2011 n’a pas encore abouti. Des parties ne seraient-elles pas prêtes à sauter sur l’occasion ?
Que pourrait faire le gouvernement si cette contestation venait à envenimer la situation dans le pays et la paix sociale menacée du reste par des grèves à répétition et un terrorisme qui peut encore faire mal ? Jusqu’à quand pourra-t-il accepter de dialoguer alors qu’il est souvent urgent d’agir ? Va-t-il le faire durablement en comptant sur la bonne volonté de tous? De toute manière, les faits ont montré jusqu’ici que les Tunisiens finissent toujours par s’entendre sur les bons choix.
A moins qu’un pourrissement de la situation finisse par amener les uns et les autres à agir dans le mauvais sens. Il est toutefois à craindre qu’il serait alors bien trop tard !