Les cigarettes mentholées cachent derrière leur goût très apprécié une nocivité particulièrement accrue par rapport à la cigarette classique. Moins irritante, la fumée des cigarettes mentholées est inhalée de manière plus importante, occasionnant des dégâts plus graves aux poumons.
Telles sont les conclusions d’une étude américaine, menée par des chercheurs du centre médical de l’université de Georgetown (États-Unis).
Les scientifiques ont déterminé l’effet du menthol sur le système respiratoire expliquant cette nocivité. Le menthol agit sur des récepteurs dits nicotiniques ( activés par le biais de la nicotine) de manière à diminuer leur réactivité face à l’irritation. Les fumeurs se sentent par conséquent moins gênés par la fumé du tabac , l’inhalant plus en profondeur et la gardant plus longtemps dans les poumons.
Ainsi le Dr Gérard Ahern, l’un des principaux auteurs de cette étude, ajoute : « En plus de désensibiliser les récepteurs dans les poumons et les voies respiratoires, le menthol semble ralentir, ou empêcher, la récupération de la sensibilité après une première atteinte, qui met probablement les récepteurs dans un état d’insensibilité ».
A cela s’ajoutent d’autres méfaits de la cigarette mentholée. La tendance à aspirer la fumée a pour conséquence le fait que les particules ainsi que les substances toxiques touchent les parties les plus profondes des poumons. Ainsi, les cigarettes mentholées sont plus susceptibles d’entraîner des cancers dits distaux en comparaison de la cigarette classique. Ces cancers ont la particularité de toucher les petites structures du poumon (bronches et alvéoles) difficiles à traiter.
Une autre étude a, d’un autre côté, démontré que le menthol, ajouté au tabac, rend les fumeurs plus dépendants et le sevrage tabagique plus difficile .
A la lumière de ces données, le Parlement européen a décidé l’interdiction de la cigarette mentholée en 2022, de même que la FDA (Agence fédérale américaine des aliments et des médicaments) envisagerait d’interdire l’accès aux cigarettes mentholées aux jeunes.
En Tunisie, les dépenses en santé, en rapport avec les pathologies engendrées par le tabac, sont supérieures aux bénéfices relatifs à la vente des produits du tabac. En 2008 les dépenses de santé de la CNAM relatives aux maladies cancéreuses secondaires au tabac, ont atteint en 2008, 100 millions de dinars. Un chiffre qui ne représente qu’une partie du coût direct des maladies attribuables au tabac . L’application de la loi antitabac rendrait service au système de santé tunisien qui souffre d’un manque d’infrastructures et de financement. A quand donc la stricte application de la loi antitabac ?