Franchement, si l’on devait croire à la propagande affichée tambour battant et quasiment en boucle sur la chaîne Nessma Tv, Nabil Karoui devait faire des révélations qui pourraient susciter un brin de polémique sur la scène politique.
Une émission spéciale a été organisée dans ce sens et a été diffusée, mardi soir, sur sa chaîne privée, où il a parlé de son éviction de Nidaa Tounes et de l’accusation d’être à l’origine des graves bouleversements qui ont rongé le mouvement.
Effectivement, on avait craint que ces révélations risquent de faire un tollé public dans un pays lassé, exténué, le cœur dévoré par l’engrenage d’une machine économique qui fabrique toujours plus de dettes, un pays ankylosé par des mouvements de grève d’une ampleur considérable et par le mécontentement croissant des travailleurs tous azimuts souvent motivés par la flemme et le gain indu.
Dans ce contexte bien préoccupant, où les Tunisiens n’ont que faire des luttes de succession encore moins des guerres intestines, on a assisté, hier soir, à une émission qui a plutôt aidé M. Nabil Karoui à redorer son blason aux yeux de son audimat, se félicitant de ses quelques épisodes «héroïques» et de son rôle «ingénieux» dans la construction de Nidaa Tounes, qu’il a voulu baptiser « Tahya Tounes » et de la confiance de l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomaa qui l‘a honoré de l’auréole de pacificateur lors de la prise en otage de nos deux diplomates en Libye.
Par ailleurs, et comme pour témoigner que seul Béji Caïd Essebsi possède l’étincelle du génie, Nabil Karoui admet que le mouvement de Nidaa Tounes est mort après le départ de son président pour Carthage.
Se justifiant sur sa relation avec Abdelhakim Belhadj et l’homme d’affaires Chafik Jarraya, le propriétaire de la chaîne Nessma Tv a répondu : «J’avais connu Belhadj quand le gouvernement Mehdi Jomaa m’a demandé d’intervenir pour libérer les diplomates détenus en Libye. Quant à ma relation avec Chafik Jarraya, elle revêt un caractère très amical et nullement une relation d’affaires ou autres… »