Les nouvelles donnes après le printemps arabe ont complètement changé dans le monde, notamment dans le Maghreb arabe, tel est le débat lancé aujourd’hui lors d’une conférence qui s’est tenue au centre de la Ligue Arabe de Tunis, sur le thème : “ Le Maghreb arabe et les pays voisins ”.
Révision de la dimension stratégique de l’union maghrébine, lutte contre le terrorisme, le commerce des armes, l’immigration clandestine, et d’autres thèmes, sont les points soulevés lors de cette rencontre qui a réuni des experts, d’anciens ministres et des ambassadeurs.
Pour Ridha Kazdaghli, secrétaire général de la Fondation arabo-africaine des études et recherches stratégiques à Fès, la problématique du Grand Maghreb repose essentiellement sur son histoire et tout a commencé par une initiative individuelle de chaque pays au début du 20ème siècle, émanant des leaders nationaux et au final, cette initiative a pris une forme plus concrète avec l’accord de Tanger de février 1989. Mais rien ne s’est concrétisé depuis, alors que les attentes des peuples restent toujours non réalisées sur le terrain.
Selon lui, l’une des solutions serait de renforcer le rôle et l’influence de la société civile. Il faut : “ Mobiliser plus la société civile, mobiliser plus les centres d’études et de recherche, ce qu’on appelle les Think tank, créer une sorte de réseautage entre ces centres, lesquels jouent un rôle important dans la prise des décisions. Il faut qu’il y ait une complémentarité entre toutes les parties intéressées, aussi bien en termes d’intégration culturelle que sociale”, a-t-il dit.
Évoquant les rôles des gouvernements, il considère qu’ils sont en train de se concentrer sur les problèmes internes, à savoir sécuritaire, économique, de transition démocratique, sociaux, mais ils oublient l’union maghrébine; ajoutant la réflexion : “ Comment faire en sorte que l’on associe la dimension interne à la dimension externe ? Il est important d’y penser et d’y travailler. Comment amener dans cette zone méditerranéenne maghrébine nord africaine des pays comme l’Egypte, à se regrouper, bien qu’ils soient devenus objet de convoitise des puissances étrangères, qu’elles soient sécuritaires, militaires, ou encore économiques ?”.
Il a également ajouté : “ Ce n’est pas seulement les pays limitrophes et voisins qui s’intéressent à cette région, et c’est ce que l’on observe avec la mondialisation. Cette zone devient de plus en plus critique et stratégique, le moment est opportun pour les pays du Maghreb de prendre conscience de la réalité, d’assurer leur complémentarité, la synergie entre la position politique, la vision pour l’avenir, car si chaque pays agit individuellement ceci est dangereux pour le futur”.
Interrogé sur l’avenir de la zone maghrébine, Ridha Kazdaghli a répondu: “ Je le vois un peu difficile vu la nature des problèmes qui s’annoncent. Il me semble que nous sommes dans une situation de stress politique, mais l’avenir nécessite plus de vision, d’éclairage. Les indices qui s’annoncent, sur différents plans, ne sont pas réconfortants. Comment agir maintenant et prendre la responsabilité, voilà ce qui devrait être réalisé”.
Rencontrée à cette occasion, Regina Laguna, avocate d’Ibor Company Lawyers, a déclaré que l’Union européenne vise la sécurité, qui est l’une de ses priorités, mentionnant qu’il y a deux millions d’euros qui seront accordés pour lutter contre le terrorisme.
Quant à la coopération policière et judiciaire, elles seront renforcées conformément à la loi et aux normes internationales, a-t-elle ajouté.
Sur un autre volet, Kamel Ben Younes, président de la Fondation arabo-africaine d’études et de recherches, a évoqué le sujet de “ l’exception islamique et l’exception tunisienne”; car, selon lui le modèle tunisien est le contre-exemple pour confirmer qu’on peut aussi avoir un exemple de gens de droite et de gauche, des islamistes travaillant ensemble même s’il y a des problèmes, ce qui est l’exemple d’une démocratie naissante.
Durant les quatre années, il y a eu des échecs dans les pays arabes, en Tunisie également. Mais ceci est lié au fait qu’il n’y avait pas eu une révolution au sens scientifique du terme, mais des révoltes sociales, économiques, avec un élargissement des demandes politiques surtout. Vu l’héritage économique, social et structurel, a-t-il précisé : “ On peut échouer, mais le processus doit réussir”.
Et de poursuivre : » La solution en Libye réside en une seule phrase “one day solution”. Il y a des peuples qui ne sont pas pour la liberté, l’égalité, le multipartisme. Le peuple libyen a une longue tradition dans le domaine du multipartisme. Rappelez-vous que la première République arabe a été créée en Libye au cours de la Première Guerre mondiale avec Soleimane Barouni, un grand réformateur qui a dirigé le mouvement national libyen, qui avait fondé une République et une monnaie, mais ce qui se passe actuellement en Libye, ce sont les erreurs commises par les forces de l’Otan qui sont en train de détruire aussi l’Irak ».
“ Le peuple libyen, plus vite il résoudra on problème plus vite il rebondira, avec la création d’un gouvernement d’union nationale intermédiaire, avant les élections, d’où l’importance de trouver une solution. On peut toujours imposer, avant de rassembler”, a-t-il conclu.