Hormis les conséquences indéniablement néfastes sur la santé , le tabac de contrebande pose un certain nombre de problèmes, notamment sur les plans juridique, économique, de la gouvernance et de la corruption. La contrebande de tabac est particulièrement désignée comme source de financement criminel d’un grand nombre d’organisations terroristes. La Journée mondiale sans tabac célébrée chaque 31 mai vise particulièrement cette année à dénoncer les méfaits de ce type particulier de commerce du tabac.
Le lien entre la contrebande de tabac et la criminalité est bien connu. Elle constitue en effet, une source d’argent facile permettant le financement de diverses activités de crime organisé telles que le trafic de drogue ou d’armes voire d’êtres humains. Dans le même registre, la contrebande de tabac est une source de financement à part entière pour les organisations terroristes. Et les exemples ne manquent pas.
Le plus connu est celui du chef terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar du groupe Al Mourabitoun, proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), devenu chef du groupe des Signataires par le Sang . Dès les années 1990, sentant le potentiel lucratif du trafic de tabac de contrebande, il en est devenu un des barons d’où son surnom « Mister Marlboro ».
Plus récemment, l’implication d’ Amédy Coulibaly, l’un des auteurs des attentats de janvier à Paris, dans le commerce illicite du tabac, a été découverte.
Dans un cadre plus général, d’après les conclusions d’un rapport du Centre d’Analyse du Terrorisme (premier think tank européen d’analyse du terrorisme) publié au mois de mars 2015 , le financement des organisations terroristes proviendrait, pour 20 %, du trafic et de la contrebande de cigarettes dans le monde. On peut citer à titre d’exemple les Talibans pakistanais (TTP) ou Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Même si l’organisation terroriste de l’Etat Islamique affiche une hostilité franche à la consommation de tabac par des punitions spectaculaires, contre ceux qui en consomment et les trafiquants, la CAT la soupçonne également de profiter du commerce lucratif de cigarettes.
Le marché illicite des produits du tabac pourrait représenter jusqu’à une cigarette sur dix consommées dans le monde d’après certaines études. Le tabac de contrebande dont les prix sont plus abordables attire davantage les jeunes et les groupes à revenus faibles. Il contrecarre les efforts de lutte anti-tabac en occultant par exemple les mises en garde sanitaires qui figurent obligatoirement sur les paquets de cigarettes. Tous ces arguments suffiraient-t-ils pour renoncer aux cigarettes de contrebande ?