Pourquoi ne pas rêver d’un État providence qui distribuerait de l’argent à tour de bras ? Mais attention cela peut nous mener à la catastrophe.
La campagne « Winou al-pétrole » continue de faire son petit bonhomme de chemin. Une partie de l’opinion tient en effet bon pour demander sa part des richesses énergétiques du pays.
Gageons que le débat ne cessera pas de sitôt. D’autant plus qu’il est ravivé par tous ceux qui n’ont plus du tout la moindre confiance dans les descriptions qu’on leur fait et les chiffres qu’on leur donne sur la situation énergétique du pays.
Il est à se demander, cependant, si cette prédisposition de l’esprit des Tunisiens ne trouve pas son origine et ne se construit pas avec la mentalité d’assisté qui crèche au fin fond dans beaucoup d’entre nous?
En clair, la campagne n’a-t-elle pas des chances de tenir parce qu’elle installe beaucoup d’entre nous dans l’idée qu’elle pourra nous permettre un jour de vivre aisément en profitant d’un État prospère qui distribuerait l’argent a tour de bras et sans compter?
En clair encore : pourquoi ne pas rêver d’accéder à un statut de citoyens riches en vivant aux dépens d’un État providence dont la mission principale serait pour ainsi dire de faire profiter ses citoyens des richesses de son sous-sol ?
Se ressaisir au plus vite!
Il suffit de prêter l’oreille à quelques discussions qu’alimente la campagne « winou al-pétrole » pour se rendre compte que le rêve n’est pas interdit pour certains Tunisiens. Et que l’on n’est pas donc bien loin de cette vision des choses qui plaît à certains.
A bien y réfléchir, la persistance des grèves et des sit-in revendiquant plus d’argent et d’avantages sociaux ne peut que participer de cette logique. Alors que tout le monde sait que l’État n’a pas –plus- les moyens de piocher dans ses caisses.
Le pire est que cet élan peut nous mener vers la catastrophe. Dans une de ses fables, Jean de La fontaine nous parle de cette laitière, Perrette, qui construisit bien des chimères au tour de son pot de lait qu’elle s’apprêtait à vendre. Elle rêva en effet de le vendre et avec cet argent acheter des poules, ensuite un cochon, par la suite une vache et un veau. Un pot de lait qui finit par lui glisser des mains. Et avec lui tous ses rêves.
C’est ce qui risque de nous arriver du reste si l’on ne se ressaisit pas au plus vite.