Les femmes chefs d’entreprise ont encore du mal à accéder au financement traditionnel d’où la nécessité de recourir à une forme de financement alternatif. Tel est le message principal du workshop intitulé « Quelles alternatives aux financements traditionnels : le nouveau mécanisme pour la mobilisation des capitaux », organisé par la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise. D’ailleurs ce n’est pas la première initiative de la Chambre car en 2014, elle a organisé un colloque en partenariat avec des organismes financiers portant sur la même problématique qui a permis d’établir une série de recommandations en vue d’améliorer le cadre juridique, technique et commercial du financement pour les femmes en Tunisie.
Cela montre bel et bien que le choix du thème ne doit rien au hasard et que la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise a su choisir un sujet d’actualité comme en témoigne le nombre de femmes chefs d’entreprise présentes. S’il y a un chiffre qui appuie ce constat c’est l’étude menée en 2011 par la Société financière internationale (SFI) qui démontre que 75% des femmes chefs d’entreprise tunisiennes ont déposé des demandes de crédit auprès des banques mais que seulement 47% d’entre elles ont pu obtenir des crédits à des conditions moins avantageuses que les hommes. Ainsi des indices pareils ont incité la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise à placer le sujet au cœur de ses priorités.
Pour donner un certain éclairage aux chefs d’entreprise présentes au workshop, présidé par la présidente de la CNFCE Mme Raoudha Ben Saber, trois éminentes personnalités du monde de la micro-finance ont été invitées, à savoir Hassen Zargouni, président du Conseil d’administration de Micro Cred, Karim Ghenim, président de l’Association des investisseurs en capital et Président-Directeur Général de la Biat Capital Risque et Héla Fourati Kaddour, Managing Director au TAF ( Tunisian American Fund). Tour à tour les intervenants ont présenté leur mécanisme de financement destiné aux PME, loin des schémas traditionnels des banques.
Si l’on se hasarde à établir un état des lieux de la situation des femmes entrepreneures après la révolution, l’on constatera qu’à l’instar de nombre de PME, celles dirigées par des femmes ont été également touchées, ont souffert, à des degrés divers, de la situation économique et de la récession économique .
A ce propos, Mme Raoudha Saber, président de la CNFE, nous confie : « Le financement et le fonds de roulement sont de prime importance pour une entreprise dirigée par une femme. Si on n’est pas à l’aise au niveau de la trésorerie de l’entreprise, on ne peut pas évoluer convenablement ». D’après notre interlocutrice, si les banques se montrent réticentes à accorder des financements aux femmes, ce n’est pas « par manque de confiance, c’est plutôt à cause des garanties exigées ».
Il est temps que tous les intervenants dans les secteurs financiers et les banquiers agissent afin de résoudre le problème de l’accès au financement et la micro-finance est là pour justement faciliter l’accès à ce financement. D’ailleurs, bien qu’elle soit récente en Tunisie, la micro-finance, dont l’objectif premier est l’inclusion économique, a pu générer des résultats positifs et a pu améliorer le vécu de plusieurs habitants des régions défavorisées.
Pourtant une question demeure sans réponse : à un moment où on parle d’inclusion économique, n’est-il pas important de faciliter l’accès au financement aux femmes pour qu’elles continuent leur bonhomme de chemin et contribuent à la création de nouveaux emplois et au développement économique du pays ?