Certes, en Tunisie, l’activité économique connaît des difficultés. Que faut-il faire pour le sauvetage des entreprises tunisiennes en difficultés ? Telle est la thématique abordée aujourd’hui hui, lors du séminaire organisé par la fondation tunisienne pour la vérification et la gouvernance, lors de son 5ème congrès sur le thème » Le Médiateur national du crédit ».
Jamelledine Khmakhem, secrétaire général de la fondation, présente l’état des lieux : » Nous nous sommes inspirés du système européen et en particulier français du Médiateur national de crédit dont la fonction principale est de servir d’intermédiaire entre les PME nécessitant un financement et les banques. En Europe ils ont pu sauver 60 % des entreprises. ”
Quant au cas de la Tunisie, il a répondu: “ Nous avons lancé l’idée du médiateur de crédit, et nous l’avons soumise au Président de la République et au gouverneur de la Banque centrale qui se sont intéressés à la question. Et je pense que la présente conjoncture est propice à la mise en place de ce médiateur de crédit pour aider les PME à surmonter le handicap du manque de financement. Ce médiateur aura pour rôle d’analyser la situation financière de l’entreprise d’une manière dynamique, de voir son potentiel, son marché, revoir un peu l’approche des banques. Actuellement, les banques ne prennent pas le risque de financer une entreprise en difficulté ».
Et de poursuivre : » Pour les banques, il s’agit de mesures de sécurité. Maintenant la solution est de revoir cette approche pour dynamiser la situation de l’entreprise et l’aider à décoller surtout par le financement “du bas de bilan” (non-permanent) ”. Interrogé sur le meilleur exemple à suivre quant au médiateur de crédit : “Certes nous nous inspirons des autres expériences, mais il faudra trouver un système qui sera adapté à notre réalité.”
Présent lors du congrès, le gouverneur de la Banque centrale, Chedly Ayari, a fait remarquer que la banque médiatique est au coeur de la Finance. Ajoutant : qui dit finance dit médiation constante à tous les niveaux. Et de poursuivre : » La médiation d’aujourd’hui n’est pas parfaite car les problèmes sont divers, soit en provenance des particuliers, soit émanant des entreprises lesquelles se trouvent exclues d’une manière ou d’une autre. Selon le gouverneur de la BCT, la solution réside dans la révision du concept bancaire, à savoir le marché financier, le système financier, banques, leasing.. »
Évoquant le cas de la PME qui ne dispose pas d’accès aux crédits, M. Ayari a déclaré : “La raison d’être d’une banque, ce n’est pas de rendre les actionnaires plus riches, mais de créer une valeur ajoutée ». Il a en outre souligné que la PME n’est autre que le garant fondamental de l’emploi.
Pour Mohamed Jed Mrabet, avocat, membre de la FTVG, les problèmes des entreprises tunisiennes se résument en deux points :
La plupart des entreprises sont à gestion familiale ( de père en fils). Ce genre de gouvernance ne répond pas aux standards internationaux car le mode de prise de décision en mode familial est subjectif.
Le second concerne l’endettement auprès des banques. Le tissu économique tunisien est constitué en majorité de PME et le mode de financement de ces sociétés ne répond plus aux critères internationaux en la matière. Il se trouve que ces sociétés s’endettent et ne peuvent plus investir, encore moins développer leur activité.
Selon lui, la solution consiste à appuyer ces entreprises lors du stade de l’obtention du financement et de la gestion des ressources. Il a cité l’exemple de la France, premier partenaire de la Tunisie, où les levées de fonds pour les entreprises se font sur le marché des capitaux, pour plus de transparence, et non plus à travers les banques qui ne sont plus les premiers fournisseurs de financements pour les entreprises françaises.
Faïza Fekih, directrice générale à la Banque centrale, abonde dans le même sens déclarant qu’outre les PME, le tissu économique tunisien est également constitué de micro-entreprises : » Je pense que l’avenir de la Tunisie est toujours dans la PME. Pour créer de l’emploi c’est la PME qui peut en créer. Nous ne pouvons plus désormais compter sur la fonction publique, sur l’Etat pour créer des emplois. Il est clair que certaines PME ont des problèmes d’accès au financement et nous ne pouvons plus compter sur le système des banques pour financer ces PME ».
Et de continuer : “ La PME doit chercher d’autres sources de financement, telles que le marché financier, les fonds d’investissement. Il s’agit de financements directs. Les banques doivent jouer leur rôle, elles ne doivent pas se contenter de faire des bénéfices en finançant uniquement “les riches”, elles doivent avant tout jouer un rôle pour le financement de l’économie, et pour cela il faut qu’elles prennent des risques telles les nouvelles PME qui veulent avoir la chance de réussir. Qui dit PME, dit au moins 10 emplois. Pour résorber tout ce chômage, il faut s’installer à son propre compte, même avec une micro-entreprise qui emploie 2 ou 3 personnes ».