Le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) a organisé les 11 et 12 juin une conférence régionale sur le thème du « Rôle des assemblées en matière de mise en place d’un Etat décentralisé : Gouvernance locale et représentation démocratique».
Plus de quarante élus des assemblées, de nationalité tunisienne, marocaine, algérienne, libyenne, irakienne et jordanienne, des acteurs politiques et institutionnels internationaux étaient présents lors de cet événement afin de débattre et d’échanger leurs expériences, connaissances et perspectives en vue de la mise en place de systèmes de gouvernance territoriale favorisant la consolidation de la démocratie et la représentation locale ainsi qu’un développement équilibré entre les régions.
Mettre en place un système décentralisé ou régionalisé permettant de réduire les écarts de développement entre les régions et aussi dont la mission consiste à la prise de décision, pour et par les citoyens grâce à un processus décisionnel véritablement participatif, tel est le débat lancé aujourd’hui.
Pour Jean-Pierre Vial, Sénateur, Vice-président du Conseil Général de la Savoie, “la décentralisation a commencé voilà plus de deux siècles après la révolution, mais on s’aperçoit effectivement que la décentralisation peut prendre du temps, parce qu’ effectivement, c’est une remise en cause du pouvoir centralisé et de l’organisation d’un Etat décentralisé, mais cela veut dire aussi construire, et c’est un équilibre qu’il faut trouver”, a-t-il dit.
Et de poursuivre: “Quand on parle de décentralisation, cela ne veut pas dire l’affaiblissement de l’Etat, l’Etat doit rester fort. Si vous décentralisez sans donner les moyens, c’est une décentralisation qui va vers l’échec. Quand la décentralisation marche bien, c’est grâce aux compétences assurées par les collectivités. Cela suppose aussi que les collectivités aient leur propre fiscalité et il faut veiller à ce que la fiscalité ne crée pas de disparité entre les collectivités, car vous aurez des collectivités qui ont des richesses économiques et des collectivités qui n’auront pas les moyens. Cette nécessité de l’équilibre entre l’Etat et les collectivités c’est la décentralisation et cela ne veut pas dire la suppression des relations entre les deux. ”
Par ailleurs, le président de l’observatoire tunisien de la sécurité globale Jamil Sayah, a déclaré que “ la décentralisation est la restructuration de l’Etat, c’est un mode de gouvernance où le pouvoir est partagé entre l’Etat et les collectivités territoriales. A mon sens, aujourd’hui, il faut renforcer le pouvoir de l’Etat au niveau central et le déconcentrer au niveau régional.
Quant aux mécanismes, avant de décentraliser, il faut que l’Etat commence par se déconcentrer et par donner un peu plus de pouvoirs aux délégués, aux gouverneurs, et faire en sorte que ces personnes soient en équation avec les besoins des régions, le but est de renforcer la relation entre le citoyen et le pouvoir.”
Et de poursuivre : “Je dirais que l’histoire de l’Etat français est plus proche de notre histoire que le modèle italien, qui est un modèle hyper décentralisé. Quant au modèle britannique, il est totalement étranger à notre esprit. Et la Tunisie est un petit pays, par conséquent tout est possible eu égard à l’homogénéité de sa population par rapport à l’Irak, au Liban, et puis d’un autre côté il y a un Etat qui fonctionne.”
Pour Jalel Ghedira, député et président de la commission de l’organisation de l’administration et des affaires des forces armées, “ la décentralisation va certainement arriver en Tunisie, elle sera un nouveau mode politique régional et local, qui donnera aux collectivités locales leur autonomie, sur le plan fonctionnel, financier et autres”.
Enfin, il conclut : “Il faut qu’il y ait un transfert du financement qui doit être géré à l’échelle locale et régionale, il en va de même du taux de fiscalité, qui sera fixé à ces deux échelles. Le dossier est énorme et engendrera beaucoup de lois, de textes, il faut le faire avec beaucoup d’habileté pour ne pas provoquer un échec, en espérant réaliser une décentralisation à la tunisienne qui donnera satisfaction aux Tunisiens”.