Endiguer les mouvements sociaux par l’emploi de la force publique n’est certes pas la bonne solution. Les habitants du gouvernorat de Kasserine sont tous disposés à contribuer à l’amélioration de la situation sécuritaire et à la protection des frontières. Cependant, ils soutiennent qu’il faut en finir avec les violations des droits de l’homme et le laxisme des autorités locales. En effet, il est impératif de mettre en place une politique de développement dans les régions frontalières comme alternative socioéconomique à la contrebande.
Telles sont, entre autres, les recommandations du sondage intitulé «Le point de vue des habitants de Kasserine sur la situation sécuritaire et la gestion des frontières », préparé par le Bureau de Tunis de l’Organisation « International Alert », lors d’une conférence de presse tenue le 12 juin à Tunis, en présence d’Olfa Lamloum, directrice du Bureau de Tunis d’International Alert , Mohamed Ali Ben Zina, universitaire et démographe, Hamza Meddeb, chercheur auprès de Carnegie Middle Esast Center. Le sondage a concerné les municipalités de Feriana, Kasserine-Nord, Cité Ezzouhour, Majel Ben Abes et Sbeitla.
Ce qui est nouveau dans l’étude c’est le fait qu’elle a fait appel aux habitants du gouvernorat dans la recherche des solutions pour Kasseine,une première pour la région. Mohamed Ali Ben Zina a affirmé que la question sécuritaire a bénéficié de l’intérêt de plusieurs chercheurs mais pas sous cet angle-là.
L’échantillon représentatif compte 501 personnes dont l’âge dépasse 18 ans. Il est à noter que le terme sécurité inclut plusieurs dimensions. Ce n’est pas uniquement la sécurité dans le sens connu mais également la sécurité économique, emploi, santé, éducation.
Pour placer le sujet dans son contexte, les enquêteurs sur terrain ont interrogé les échantillons sur leurs représentations des frontières : 58,6% estiment que c’est un moyen pour faire des bénéfices matériels, 56,7% considèrent que c’est une source de danger et 38,8% considèrent que c’est une source de menace pour l’économie tunisienne.
Est-il possible de lutter contre la contrebande ?
A la lecture des résultats, il en ressort que 98.8% des interrogés pensent que cela est faisable par la création de zones industrielles. 98,6% estiment que la création d’une zone de libre- échange est la bonne solution. 98,1% pensent que la lutte contre la contrebande passe par le développement du secteur agricole à Kasserine. 94,7% ont répondu par l’intégration économique maghrébine notamment entre l’Algérie et la Tunisie. Cependant, 85,2% des sondés ont plaidé pour le renforcement de la sécurité dans la région. Ainsi, l’Etat est appelé à adopter une stratégie qui alterne entre le développement régional et le renforcement sécuritaire.
Existe-t-il des rapports entre les terroristes et les contrebandiers ?
En ce qui concerne les habitants des zones frontalières, 32,7% répondent par oui contre 67,3% qui ont répondu par non. Pour ce qui est des résidents des zones non-frontalières, 77,2% répondent qu’il n’existe pas de rapport entre les contrebandiers et les terroristes contre 22,8% qui ont répondu par l’affirmative. Ainsi, 61,4% ont répondu qu’il n’existe pas de rapports entre les contrebandiers et les terroristes contre 38,6% pensent que la relation entre terrorisme et contrebande existe.
La contrebande constitue-t-elle une menace pour le gouvernorat de Kasserine ?
Pour 69,5% des interrogés, la contrebande représente une réelle menace pour la région. Ce pourcentage vient démentir les idées reçues selon lesquelles les habitants de Kasserine voient d’un bon œil l’expansion de la contrebande. Sur ce point, 53,1% des habitants des zones frontalières estiment que la contrebande est une menace pour la sécurité à Kasserine contre 81% des habitants des zones non-frontalières qui estiment que la contrebande ne menace pas la sécurité à Kasserine.