Reporters sans frontières ( RSF ) a, dans un récent communiqué, exprimé son inquiétude, et ce, à la suite des dernières agressions commises par les forces de l’ordre contre des journalistes, lors de la manifestation “Winou El Pétrole”, samedi 6 juin. L’organisation a demandé que des poursuites judiciaires soient engagées contre les agresseurs, car seules des sanctions exemplaires mettront fin à l’impunité de ces exactions.
Samedi 6 juin, alors que la manifestation “Où est le pétrole” était organisée sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, plusieurs journalistes parmi lesquels Latifa Anouar de Radio 6, Latifa Hammami de Tunisie numérique, Soumeya Ouled Gharbia de la Société tunisienne de production, Seif Trabelsi de Shems FM, Mohamed Mdalla de l’Agence turque Anadolu, Houssem Bouhla de Mosaïque FM, Khalil El Klaii d’El Moutawasset et Wahiba Akoubi, correspondante à Tunis de Oasis FM ont été agressés physiquement et verbalement par plusieurs agents de police. Certains d’entre eux ont également vu leur matériel fortement endommagé.
« J’ai été frappée au dos avec force par un policier qui m’a ensuite insultée. Plusieurs de nos caméras et appareils photos ont été confisqués ou abîmés. Comment peut-on nous traiter ainsi, alors que mes collègues et moi-même portions un dossard signalant clairement notre profession ? Cette situation ne peut plus durer et je suis prête aujourd’hui à porter plainte avec plusieurs autres journalistes « , a témoigné la journaliste Latifa Aouar.
» En dépit de nombreuses initiatives comme la publication en février dernier par RSF de recommandations pour améliorer les relations entre policiers et journalistes, les résultats sur le terrain tardent à se faire sentir. Le même scénario se répète depuis plusieurs mois : des violences sont perpétrées par les forces de l’ordre contre des journalistes suivies des excuses du ministère de l’Intérieur, sans qu’aboutissent les poursuites judiciaires à l’encontre des agresseurs. Cette contradiction flagrante entre les paroles et les actes émanant du gouvernement pose la question de la bonne volonté des pouvoirs publics quant à la protection des journalistes « , lit-on dans le communiqué de RSF.
» Pour le premier semestre 2015, Reporters sans frontières a déjà recensé plus d’une quarantaine d’agressions de journalistes, notamment pendant la couverture de manifestations, chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. Mettre fin à l’impunité des attaques commises contre eux ne pourra se réaliser qu’avec la condamnation des agresseurs par la justice, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières. Dans un pays où le droit d’informer et d’être informé est plus important que jamais, il est essentiel que des sanctions exemplaires soient adoptées « .
L’organisation a rappellé que la poursuite des deux policiers ayant agressé le photographe Jalel Ferjani des journaux Waqaii et Al Chourouk en mai 2014 n’a pas encore connu son dénouement malgré la gravité des faits. Quant aux résultats de la Commission d’enquête sur les violences du 9 avril 2012, ils n’ont eux jamais été rendus publics.
Notons que la Tunisie est 126e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 de RSF.