Commentant les dernières élections législatives turques, l’universitaire et politologue Hamadi Redissi a estimé, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, que l’affaiblissement du modèle turc suite aux élections aura nécessairement des conséquences sur les autres mouvements islamistes dans le monde arabe.
Analysant la perte de la majorité absolue au Parlement aux récentes législatives par le parti du Président turc Recep Tayyip Erdogan, après 13 ans de domination, Hamadi Redissi affirme que : « Cette perte est un retour à 2002, quand Erdogan n’avait pas la majorité absolue pour gouverner et s’est trouvé obligé de s’allier avec d’autres formations politiques pour former le gouvernement ».
Pour notre interlocuteur, cette régression s’explique par l’orientation dictatoriale d’Erdogan et la politique extérieure de la Turquie qui a incité les minorités ( kurde, alaouite et chrétienne) à voter contre lui. De plus, pour couronner le tout, la crise économique s’est installée dans le pays. » Il semble que le cycle économique de la Turquie ait bien pris fin », renchérit-il.
En ce qui concerne la Tunisie, le politologue a affirmé que suite à l’affaiblissement du régime d’Erdogan, « l’islam politique en Tunisie perd son dernier allié à l’échelle du monde islamique qui avait à peu près la même approche politique, à la fois inclusive à l’intérieur du système démocratique, mais en même temps dominante et hégémonique sur le plan politique, conservateur sur le plan religieux et libéral sur le plan économique ».
À notre question sur l’avenir de l’islam politique en Tunisie, le politologue a affirmé que l’islam politique en Tunisie a fait preuve d’une grande souplesse et d’un grand pragmatisme.« Est-ce qu’il va pouvoir continuer sur cette lancée ou bien va-t-il connaître des remous, des dissensions internes à cause des concessions faites aux autres formations politiques ?», s’interroge-t-il. D’après Hamadi Redissi, le report du congrès du mouvement Ennahdha est révélateur de l’existence de conflits internes au sein du mouvement qu’il ne peut résorber. « Aujourd’hui, le mouvement Ennahdha ne maîtrise plus tout le champ de l’islam politique. Il contrôle un segment important, mais il n’en a plus le monopole. » estime-t-il.
Répondant à notre question sur les soucis que l’islam politique peut imposer à l’avenir, Hamadi Redissi a répondu en précisant que : « l’islam politique a toujours été accusé d’avoir un double discours, d’avoir un agenda caché et une double stratégie. Il a parié sur l’inclusion au sein du système politique ». Et de continuer : « Après avoir été l’une des causes de la détérioration de la situation économique et sociale en Tunisie, est ce que ces dernièrs engagements sont fermes et définitifs? Seul l’avenir nous le dira ».
Et de conclure : « Hamadi Jebali, qui a longtemps été parmi l’aile modérée du mouvement Ennahda, surfe actuellement sur la vague de la protestation et revient dans une posture plus radicale que Ghannouchi lui-même. Rached Ghannouchi, en perte de vitesse, aura-t-il la même prise de position ? Ne jugeons pas les intentions, soyons plutôt vigilants sur les actes ».
L islam politique,surtout tunisien est plein de ressources malheureusement,et prendra l apuui de n importe ou.