Quatre ans après la révolution, la Tunisie fait face à plusieurs défis, politique, sécuritaire, économique, social… La question des défis qui se posent à la démocratie est un enjeu majeur pour assurer la transition démocratique, économique et sociale. Le 16 juin, lors du deuxième jour du forum organisé par le quotidien français le Nouvel Obs, David Thomson, journaliste à RFI, et auteur du livre “Les petits soldats du Djihad” a fait le point sur la situation actuelle du terrorisme dans le Maghreb, lors du second panel intitulé “La Tunisie et ses voisins : menaces et soutiens”.
Il a notamment déclaré “Je crois que la question sécuritaire est majeure en Tunisie, parce qu’on n’est pas dans une situation où les “djihadistes” sont en mesure de prendre en otage une ville, comme ce fut le cas en Libye, où certaines villes comme Derna sont tenues par des mouvements djihadistes ».
Et de continuer : “ En Tunisie, il y a de toutes petites poches de djihadistes qui harcèlent les forces de l’ordre depuis la fin de l’année 2012 et qui sont capables de commettre des attentats. Rappelez-vous qu’en 2012, les forces sécuritaires ne parvenaient pas à canaliser cette insurrection de “Djihadistes”. Il est évident qu’Aqmi dans le cas de la Tunisie ne dispose pas plus de 60 combattants, voire une douzaine. Nous sommes face à quelque chose qui est tout à fait embryonnaire, mais les attaques terroristes ont toujours une capacité de nuisance extrêmement grande. »
Citant les nationalités les plus présentes dans les rangs djihadistes, il a indiqué les Soudanais, les Maliens, les Egyptiens, et finalement les Libyens qui sont presque minoritaires, a-t-il indiqué.
En Tunisie, au-delà d’une transition démocratique manifestement réussie avec la tenue d’élections libres et transparentes, David Thomson a fait remarquer que l’objectif principal des djihadistes est de tuer dans l’oeuf cette transition démocratique réussie d’où le défi majeur et prioritaire pour la Tunisie est sans conteste l’élimination des poches terrorises éparpillées dans tout le pays pour imposer une sorte de guerre d’usure et abattre la jeune démocratie tunisienne si adulée et ensencée dans le monde entier.
“Mais ce que je retiens d’aujourd’hui c’est la citation du ministre de l’Education Néji Jalloul, quand il reconnaît que la grande menace qui pèse sur la Tunisie c’est l’organisation terroriste Daech qui est devenue un Etat, a-t-il repris.
Et de continuer : “ Chose que je n’ai pas toujours entendu de la part d’autres ministres. Je me rappelle qu’en 2012-2013, les Djihadistes n’existaient pas à cette époque et certains ont même évoqué de fausses barbes. D’autres ont parlé d’un complot du ministère de l’Intérieur concernant ce qui se passait au Mont Chaambi, alors qu’on était face à une véritable insurrection d’el Qaeda de l’Etat islamique. Je pense que le défi majeur de la Tunisie est un défi sécuritaire et médiatique. ”.
En conclusion, David Thomson ajoute :“ Ce qui pourrait menacer aussi la transition démocratique, c’est le retour des vieilles pratiques, le retour du RCD. La Tunisie n’est pas seule dans sa lutte contre le terrorisme, tous les pays sont concernés, la France aussi”.