Décidément, la séance unique a commencé, aujourd’hui, bien plus tôt que prévu. Habituellement, le pays décroche le 1er juillet pour retrouver des horaires qui ne soient pas tronquées le 1er septembre. Deux mois durant, on se contente du service minimum. Le travail dans les usines et les bureaux est proscrit l’après-midi. La séance unique ne dit pas tout à fait ce qu’elle est : un travail à mi-temps, soldé pour ainsi dire.
Nous n’aurons pas attendu, cette année, le 1er juillet pour tailler dans les heures du travail, au risque de les ramener en dessous de la moyenne des pays industrialisés qui s’engagent pourtant dans une révision déchirante de leur modèle social.
Le début de Ramadan, en ce 18 juin 2015, a, d’une certaine manière, mis tôt notre compteur à l’heure de l’été. Sans doute faudrait-il pour cela nous affranchir de certaines attitudes qui nous font perdre de précieux points dans le décompte final de la croissance. La séance unique, dans sa configuration actuelle, ne répond plus aux standards mondiaux de compétitivité et aux exigences de la mondialisation.
L’ennui est qu’elle est plus longue cette année, à l’heure de la crise économique et sociale. Le pays s’installe dans une sorte de relâchement, encouragé en cela par l’angoisse et la fièvre des examens scolaires et universitaires qui s’emparent de l’ensemble des familles.
A croire que les parents s’y impliquent plus que leur progéniture pourtant préparée à ce genre d’épreuve. On comprend que dans ces conditions, les courbes de productivité offrent peu de relief.
La tentation du farniente et le goût de la fête ne doivent pas l’emporter sur le nécessaire besoin de travail, si l’on veut préserver et améliorer notre niveau de vie. La séance unique, qui s’est invitée chez nous cette année d’une manière prématurée et insidieuse se prolongera jusqu’au 1er septembre avec la célébration de la fête de l’Aïd à l’issue du mois du Ramadan. On a aujourd’hui de bonnes raisons de se poser la question.
Il n’y a pas d’organisation meilleure qu’une autre dès lors qu’on consacre le même quantum de travail que nos compétiteurs directs. La séance unique, dans sa forme actuelle, est inadaptée à ce genre d’exercice, à ce principe de réalité. Elle ralentit notre progression et nous éloigne de notre potentiel d’investissement, de croissance et de création d’emplois. Ce qui signifie en clair qu’il faut relever le curseur du temps de travail pour le hisser aux normes des pays émergents. Sans quoi, notre effort de rattrapage aurait peu de chances d’aboutir.
A moins de 40 heures de travail par semaine pendant près de 3 mois, le pays s’expose à un choc d’une puissance équivalente à celle de la crise.
Le travail en continu, pourvu qu’il soit intégral, n’est pas sans intérêt et sans impact positif sur la production et l’emploi. S’il faut y mettre de la flexibilité des horaires ? Pourquoi pas dès lors que cela offre plus de souplesse aux entreprises … La seule règle à laquelle il faut se soumettre est de se garder d’amputer le temps de production de l’entreprise pour ne pas l’exposer aux pires menaces d’exclusion.
En économie, comme partout ailleurs, il n’y a pas de miracle. Le succès vient de la seule performance du travail. Un pays ne peut s’assumer que par le travail et doit se reconnaître dans les valeurs de ce même travail. Pour rester maître de son destin, en ces temps de chocs répétés, de turbulences et d’aléas économiques.