Propos déplacés des dirigeants, mur pour arrêter l’« afflux » des clandestins et questionnaire aux citoyens, la Hongrie stigmatise-t-elle les étrangers ?
La Hongrie n’est pas pour ainsi dire la tasse de thé du Tunisien. A peine entend-il parler de ce pays européen qui fait partie depuis 2004 de l’Union Européenne. A peine également en a-t-il vent, à travers les programmes d’histoire enseignés à l’école, de l’Empire austro-hongrois, dont les territoires de ce pays ont fait partie, entre 1867 et 1914.
Il risque cependant d’en entendre parler avec la décision du gouvernement hongrois prise le 17 juin 2015 de construire un mur de quatre mètres de hauteur sur les quelque 175 km de frontière qui la sépare de la Serbie, située au sud.
Une initiative prise en vue d’arrêter l’afflux de clandestins, aux dires de ses dirigeants, qui traversent cette frontière depuis le début de l’année et dont le nombre est estimé à quelque 50 000 personnes.
Des clandestins dont le gouvernement du Premier ministre Victor Orban ne dit pas que du bien. Il a tant de fois annoncé que son pays ddevrait prendre des mesures législatives contre les clandestins même si elles sont contraires au droit européen.
« Les réfugiés sont des terroristes »
Au plus fort des événements de Charlie Hebdo, il déclarait le 11 janvier 2015, que « l’immigration économique ne fait qu’importer des troubles et des menaces contre les peuples européens ». Et son ministre de l’intérieur Karoly Kontrat affirmait que « les réfugiés sont des terroristes ».
Rien d’étonnant dans ces conditions que cette stigmatisation ait donné du mordant aux franges xénophobes de ce pays, gouverné du reste par un courant conservateur, Fidesz (Union civique hongroise ), le propre parti de Victor Orban. De nombreux reportages font état de la prolifération en Hongrie de tags xénophobes comme « Dehors les migrants, espèce d’ordures parasites » ou encore « Tire sur un rat Kosovar, et sur un Nègre aussi ».
Autre pièce à ajouter au dossier xénophobe hongrois : le gouvernement a adressé il y a quelques jours un questionnaire dans lequel il posait notamment la question suivante : « Etes-vous d’accord avec le fait que les migrants menacent (sic) l’existence et l’emploi des Hongrois ? »