Les mouvements sociaux ont fait aujourd’hui l’objet d’une conférence de presse organisée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) qui a noté que le mois de mai a connu pas moins de 225 mouvements citoyens de toutes sortes, deux grèves de la faim et plusieurs suicides et tentatives de suicide.
Pétrole, droit à l’emploi, développement régional, situation professionnelle, dispositions gouvernementales, accès à l’eau potable, santé, pollution, torture…Telles sont les principales sources de revendications sociales ayant parfois dégénéré en violence durant ce mois de mais 2015.
Selon le rapport de la FTDES, le mois en question se caractérise surtout par les événements du bassin minier, avec des manifestations revendiquant des droits socioéconomiques. Ces manifestations ont repris de plus belle suite à la divulgation des mesures décidées contenues dans le plan de réforme approuvé en Conseil ministériel.
Quant à El Faouar, dans le gouvernorat de Kébili, la petite bourgade a connu des mouvements de protestation contre les sociétés d’exploitation pétrolière de la région et leur politique de gestion du personnel et de recrutement. Ces tensions ont été accentuées par un conflit territorial entre deux localités de la région (Jemna et el Galaà).
Par un effet boule de neige, ces mouvements de protestation, portant essentiellement sur des revendications économiques réclamant le droit à l’emploi et le développement régional, se sont étendus à Gafsa, Kairouan, Sidi Bouzid, Kébili, Médenine, Jendouba, Tataouine et même Bizerte, Thibar (gouvernorat de Beja). Certains de ces mouvements ont dégénéré, à des degrés divers, vers des réactions de violence. Tandis que les gouvernorats de Tunis, Gabès, Béja, Tozeur ont été témoins de manifestations revendiquant principalement la régularisation de la situation professionnelle de différentes catégories d’employés.
D’autres manifestations s’en sont pris aux dispositions relatives aux étalages anarchiques et à l’interdiction de vente de volailles hors abattoir et ont concerné Tunis, Bizerte, Nabeul.
Pour certaines régions comme Kasserine et Jendouba, la pomme de discorde est l’absence d’eau potable. Pour d’autres comme Kairouan, Sidi Bouzid et Médenine, c’est principalement l’accès à l’électricité qui fait défaut, sans parler des conditions sanitaires, hospitalières et éducatives. Pour Gabès et Monastir, les revendications ont focalisé sur la lutte contre la pollution environnementale, tandis que les gouvernorats de Gafsa, Sidi Bouzid, Kébili, Kasserine, Siliana et Le Kef ont exigé de meilleures conditions sociales.
Par ailleurs, les familles des ressortissants tunisiens détenus en Libye ont observé des sit-in respectivement à Mahdia, Sousse et devant le Palais de Carthage, pour les familles des ressortissants en Syrie.
Des mouvements de soutien aux grévistes de la faim ont eu lieu, par ailleurs, à Sidi Bouzid (Bouzeyene), Sfax (Jbenyana), Kasserine, et Tataouine. La mort suspecte d’un détenu à Sidi Bouzid déclarée comme étant un suicide a soulevé un tollé de protestations de la part de proches et des associations civiles contre les forces de l’ordre.
Les dépassements sécuritaires ont touché la majorité des gouvernorats comme Jendouba, Mahdia, Kébili, Monastir où un homme a trouvé la mort succombant à ses blessures après une course-poursuite. Deux cas de décès suite aux tortures en détention ont été observés, l’un dans la région de Tunis et l’autre à Sidi Bouzid. Cette dernière a soulevé un mouvement de protestation auprès des associations civiles suite à la version officielle donnée par la police prétendant que le détenu s’était suicidé par pendaison.