La crise qui a frappé à nos portes depuis 2011, a-elle désormais atteint sa dernière étape ? A-t-on franchi une étape irréversible ? Cette crise qui s’amplifie de jour en jour, sera t-elle suivie bientôt par le chaos politique, le chaos social et plus encore, le chaos moral ? Cette crise est la conséquence de l’implosion de ce qui faisait le fondement de notre système : la dette tant publique que privée ; le climat social : revendications sociales sans limites, fuite en avant ; le terrorisme ; … .
La dette publique … véritable frein au développement du pays
La dette publique a atteint un niveau insoutenable plombant désormais l’économie tunisienne. À cette implosion de la dette publique, se greffe celle de la dette privée. D’autant que les officines bancaires n’ont plus les moyens logistiques de s’en assurer le remboursement.
Tout de même, il faudrait rétablir la vérité sur la part de l’argent ayant véritablement servi à notre pays et celui détourné par l’ancienne dictature, car il est légitime de dire que la population tunisienne ne peut pas assumer la responsabilité d’une partie de cette dette.
D’autant plus que la dégradation de la note de la Tunisie par les agences de notation montre bien que l’on fait plutôt confiance à une dictature qu’à un pays en voie de démocratisation.
Alors à quoi bon rembourser ?
La Tunisie a toute la légitimité et tout intérêt à déclarer illégale la dette contractée depuis la chute de Ben Ali. Cet acte souverain s’appuie sur le droit international. La doctrine de la dette odieuse, élaborée en 1927, stipule que : « si un pouvoir despotique contracte une dette non pas pour les besoins et dans les intérêts de l’État, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dette est odieuse pour la population de l’Etat entier (…). C’est une dette (…) personnelle du pouvoir qui l’a contractée, par conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir. » La Tunisie de l’époque de Ben Ali répond parfaitement à cette doctrine. Un audit de la dette odieuse s’impose.
Nous avons tous notre part de responsabilité …
La Tunisie quitte la dictature pour toujours ; le nouveau gouvernement démocratique s’efforce de trouver des solutions à des problèmes épineux, malgré l’explosion des revendications sociales alimentées et amplifiées par les revendications politiques et qui se mêlent à des dossiers brûlants et qui concernent : les réformes (fiscales, incitation à l’investissement, secteur de l’enseignement, secteur de la santé, secteur de l’agriculture, la caisse de subvention …), la mise à niveau de l’administration, la mise à niveau des entreprises publiques, le chômage et le droit au travail, le développement des zones d’ombre, la justice sociale, la révision des contrats de concession, … .
Les manifestants ou les grévistes exigent des solutions rapides. Mais il n’existe pas de recette miracle qui puisse apporter des réponses immédiates à ces revendications … La seule recette miracle c’est le retour au travail et la patience jusqu’à la récolte des fruits des réformes et des projets structurants … Faute de quoi, le pays risquerait de sombrer dans le chaos et dans le désordre.
Pour que notre pays puisse se développer, il faut impérativement restaurer la paix sociale, le peuple veut sentir et vivre un changement économique et politique clair. Il est prêt à patienter davantage, à condition qu’il sache quand il verra le bout du tunnel.
C’est ce qu’il faut retenir ; et c’est à quoi il faut s’accrocher.
Le chaos politique
Les prémices d’un chaos politique résidaient déjà dans l’avènement de quelques personnalités politiques “décalées” et se positionnant dans le clan d’une opposition plutôt destructive, tant pour leur incapacité à appréhender les véritables problèmes du pays que par la démesure de leurs ambitions personnelles, délaissant l’intérêt suprême du pays.
Quelques autres politiciens de l’opposition, se sont obligeamment laissés engluer dans les liens tissés par la machine qui leur a permis d’accéder à la scène politique. Certains, au point même de dénigrer ouvertement les efforts déployés par le gouvernement élu.
Le délitement politique est tel qu’il se fait sentir partout : les plateaux télévisés, les émissions radio, la presse écrite et électronique, les espaces publiques … . Notre pays n’est plus en mesure de supporter les effets destructeurs de ces forces régressives.
Le chaos social et moral
Sans que les masses assommées ne trouvent rien à répliquer, au chaos social résultant des interactions socio-politiques, des défaillances structurelles datant de décennies, se greffe peu à peu le chaos moral assez sordide du « chacun pour soi et dieu pour tous » ou du “après moi le déluge !”.
Mais malgré tout … quelques lueurs à ce sombre tableau
Peu de lueurs à attendre en vérité du côté de certains partis de l’opposition jouant le jeu des institutions toujours en alerte et s’ingéniant à tout diaboliser. Rafraîchissant, le mouvement des indignés manque encore un peu de substance pour passer de la saine indignation à une entreprise de reconstruction. L’organisation syndicale se trouve piégée entre l’enclume et le marteau et doit être soutenue et sauvée, pour pouvoir faire face aux vagues de revendications syndicales.
En attendant, peu d’échappatoires en l’état aujourd’hui ; juste quelques chemins de traverse pour se tenir à l’abri tandis que la tempête ravage ; et préserver son petit jardin. Cette fois, non, ça ne rigole vraiment plus si on continue aveuglement sur cette lancée.
Une prise de conscience générale doit rapidement se manifester … le pacte social doit être respecté et honoré par tous les acteurs et tout le peuple … la valeur du travail doit être notre priorité absolue … la patience, en attendant un meilleur avenir, doit être notre pain quotidien … Et surtout, laisser le gouvernement se pencher sur ce qui est important et prioritaire pour solutionner les problèmes chroniques, entamer les réformes, œuvrer pour la justice sociale et pour le développement des zones d’ombre, faire la guerre au terrorisme…