La pénurie d’eau ce n’est pas uniquement des statistiques, des chiffres et des rapports officiels relayés par les médias. C’est une réalité palpable, un joug qui pèse sur le dos d’un certain nombre d’habitants des régions tunisiennes et transforme leur vie en un enfer quotidien.
Dans un rapport publié au mois de juin par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (section de Kairouan), nous pouvons lire que 179 écoles primaires sur les 313 ne sont pas raccordées à l’eau potable. Ce qui incite à se poser la question suivante : l’accès à l’eau est-il devenu un luxe auquel seules les grandes villes ont droit ? Inutile de rappeler que ce gouvernorat est connu pour être parmi les les plus torrides du pays.
Romdhane Ben Massoud, activiste au sein du FTDES, nous a indiqué que la pénurie d’eau concerne essentiellement : quelques villes rurales de Bizerte, Kairouan, le bassin minier, notamment Redeyef, et quelques villes rurales autour de Ben Guerdane.
Toujours d’après les constatations de notre interlocuteur, les habitants de ces villes n’ont accès à l’eau que pendant quelques heures par jour. Le reste du temps, ils n’ont que les fontaines publiques pour s’approvisionner en eau potable : « Le ministre de l’Agriculture et le directeur de la SONEDE considèrent que ces problèmes sont temporaires et liés à la chaleur. Pourtant, les problèmes persistent encore », déplore-t-il. Et de continuer : « Depuis le mois d’avril nous nous attendions à des protestations sociales à cause de la pénurie d’eau, ce qui est arrivé d’ailleurs ».
La SONEDE n’a aucune donnée exacte à ce sujet. Il s’agit d’un problème de raccordement arbitraire et un autre dû à une grande consommation d’eau surtout que la SONEDE n’a pas évolué pour répondre aux nouveaux besoins.
Une telle situation est une infraction grave à l’article 44 de la Constitution qui stipule que : « Le droit à l’eau est garanti. La préservation de l’eau et la rationalisation de son exploitation est un devoir de l’Etat et de la société ».
Le Sud du pays, quant à lui, ne déroge pas à la règle : là où l’eau est disponible, les coupures d’eau intermittentes sont le lot quotidien et le calvaire des populations. En particulier, le bassin minier en souffre. Des témoignages en provenance du bassin minier tel celui d’Ali Krimi, membre du syndicat de base de l’enseignement secondaire et activiste de la société civile, habitant à Mdhilla, montrent que la région souffre de coupures successives d’eau depuis belle lurette. Selon le délégué de la région, il s’agit d’un problème au niveau des canalisations. Sauf qu’une fois la réparation effectuée, les coupures reprennent de plus belle: « Et ce n’est pas le premier été, c’est devenu presque un rendez-vous estival incontournable », s’insurge-t-il. Notre interlocuteur estime que la CPG a vidé la richesse hydrique de Gafsa tout en précisant que cette compagnie a creusé à ce jour 11 puits, depuis 1985.
Ainsi entre une Constitution qui prône le droit à l’eau pour tous et la réalité vécue par les régions, le fossé semble incolmable …