Dans cette note, publiée par le Département Recherche de l’intermédiaire en bourse MAC SA., nous allons revenir sur les facteurs justifiant la révision à la baisse des perspectives de croissance pour 2015.
L’annonce du dernier chiffre du taux de croissance par l’Institut national de la statistique ( INS ), a fait l’effet d’une douche froide. Au cours du 1er trimestre 2015, le taux de croissance de l’économie tunisienne enregistre une hausse de 1,7% (en glissement annuel) largement en dessous des prévisions. Une chute de 0,2% par rapport à T4 -2014. Les résultats des industries non manufacturières ont beaucoup pesé sur le chiffre du premier trimestre 2015. Du coup, l’objectif d’un taux de croissance de 3% du ministère des Finances, ou de 2,8% de la BERD, pour l’année 2015 semble être inaccessible, surtout si nous intégrons dans l’équation l’arrêt de la production du phosphate du deuxième trimestre et les retombées négatives de l’attentat du Bardo et de Sousse sur l’industrie du tourisme. En effet, l’attentat de Sousse est venu compliquer davantage les perspectives de croissance. Le feuilleton des révisions à la baisse a démarré, du côté officiel, lorsque le ministère des Finances avance un taux de croissance proche de 1% pour l’année 2015. La multiplication des actes terroristes risque de compromettre l’agenda des réformes, en piégeant l’économie tunisienne dans un sentier de croissance atone, très insuffisante pour corriger les inégalités sociales et régionales.
Plusieurs obstacles érodent le potentiel de croissance à long terme de la Tunisie : la qualité médiocre de l’infrastructure, les défaillances du système éducatif et la dégradation de la qualité du capital humain, la mauvaise gouvernance administrative, le poids des lobbies dans plusieurs secteurs économiques, la faiblesse du taux d’investissement, etc. Autant d’éléments qui nous poussent à réfléchir sur la capacité des autorités à engager une dynamique de réforme pour pouvoir redresser l’économie.
Un double scénario semble se dessiner en fonction de la détermination politique et des évolutions de la conjoncture internationale: – Sous réserve d’une stabilité des cours des matières premières et d’une reprise de la demande dans la zone euro, la Tunisie pourrait rebondir en 2016. – A l’inverse, si les autorités n’arrivent pas à résoudre l’équation sécuritaire dans un contexte de retournement du cycle des cours des matières premières et de reprise molle en Europe, les risques qui pèseraient sur la Tunisie seraient très élevés. Les déficits jumeaux ouvriraient la porte à une cure d’austérité déstabilisante pour une démocratie naissante. Ainsi, il est temps d’arrêter de changer les pansements pour commencer sérieusement à penser le changement.
En somme, la reprise reste encore sous réserve d’une détermination politique. Des réformes structurelles sont incontournables pour pouvoir rehausser la production potentielle. Des politiques de soutien de la demande doivent être mises en place pour booster la production effective.
En Tunisie, les autorités sont forcées de revisiter l’agenda des réformes structurelles. Or, il est impératif de résoudre l’équation sécuritaire et de stabiliser le climat social pour pouvoir renouer avec une dynamique de réforme (gouvernance, secteur bancaire, système éducatif, fiscalité, etc.) débouchant sur un modèle de développement économique générateur d’une croissance inclusive.