La loi de finances complémentaire, qui vient d’être adoptée par l’ARP, rectifie un certain nombre d’indicateurs et de prévisions contenus dans la loi de finances initiale pour l’exercice et reflète la réalité de l’économie et des finances de la Tunisie. Invité sur les ondes d’une radio nationale, l’expert-comptable et universitaire en charge des relations avec les partenaires sociaux à l’Institut arabe des chefs d’entreprises ( IACE ), Fayçal Derbal, est revenu sur la LFC qui rectifie le tir.
Le taux de croissance prévu dans la loi de finances initiale a été ramené de 3% à 1%, voire peut-être à 0% de croissance, et le budget de l’Etat va devoir être diminué d’environ 200 MD. A-t-on devant soi un budget d’austérité qui ne dit pas son nom ?
A cet égard, l’expert-comptable, Fayçal Derbal explique qu’au fait c’est une loi de finances complémentaire exceptionnelle dans un moment particulièrement exceptionnel aussi et cette loi de finances vient essentiellement ajuster des prévisions qui s’avèrent irréalisables. « Des prévisions arrêtées au niveau de la loi de finances initiale de décembre 2014, au titre de 2015, qui tablent sur un taux de croissance de 3%, un cours du prix du baril de pétrole à 95$ et un cours du dollar à 1.800 dinars. Il s’est avéré que nous sommes loin de ces prévisions, notamment en matière de croissance », poursuit-il.
En matière de croissance, explique-t-il, nous avons clôturé le premier trimestre 2015 avec une croissance très molle de 1.7 %. Ce taux a été réalisé grâce à une campagne agricole et particulièrement au niveau de l’exportation de l’huile d’olive exceptionnelle qui a augmenté de 750% et qui porte sur 2014- car en 2015 on vend la récolte produite en 2014- également grâce à une récolte exceptionnelle des dattes qui a augmenté de 25%, par contre la récolte des céréales a été très mauvaise en 2015.
Ainsi, il ne faut pas s’attendre au titre du deuxième trimestre 2015 à réaliser le taux de 1.7% et encore pire pour le troisième trimestre qui va être très affecté par la crise du secteur touristique.
Donc, le fait d’avoir tablé sur un taux de croissance de 1%, est relativement optimiste. Et maintenant, on espère pouvoir atteindre ce taux-là, et bien entendu tout est bâti sur le taux de croissance, puisque tout va suivre. C’est-à-dire le budget de l’Etat, bien entendu, les ressources propres vont diminuer dans la mesure où il n’y a pas de croissance ; les recettes fiscales vont diminuer, les recettes en matière de TVA et la croissance du PIB sera affectée puisque le PIB est la somme des valeurs ajoutées. C’est pour cette raison qu’on note dans la LFC une baisse des recettes fiscales au titre de la TVA.
Pour Fayçal Derbel, ces chiffres sont choquants voire même alarmants, surtout dit-il que nous avons un gouvernement stable, et surtout aussi après avoir réussi la transition politique, c’est-à-dire un challenge électoral réussi au niveau des législatives et des présidentielles. « Il n’y a donc pas de raison pour que la situation continue de piétiner au niveau économique », déplore encore l’expert-comptable.