Chaque année, à l’approche de l’Aïd El Kébir, les citoyens, les yeux rivés sur leurs bourses, sont sur le qui-vive. La spéculation exercée par certains intermédiaires qui imposent leurs prix que l’acheteur ne peut pas négocier, commence à susciter la crainte de voir se reproduire la valse des prix exorbitants et assommants des moutons du dernier Aïd El Idha.
Force est de constater que l’année dernière, le prix du mouton avait flambé, porté par les spéculateurs intermédiaires impitoyables, à un pic allant au-delà de 1000 dinars.
Cette année, le ministère va tenter d’inverser cette inexorable hausse, en revenant au jeu de l’équilibre entre l’offre et la demande, pour réguler le marché du mouton. Mais cet élan ne risque-t-il pas d’être miné par les spéculateurs implacables, qui ont les moyens financiers de dominer le marché, de provoquer une pénurie et ainsi faire monter les prix, acculant l’Etat à l’importation pour réguler le marché et préserver le pouvoir d’achat des citoyens ?
Dans ce contexte, une réunion de travail s’est tenue l’après-midi du lundi 17 août 2015, au ministère du Commerce, entre le PDG de la société Ellouhoum, le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche ( UTAP ), le Groupement interprofessionnel des viandes rouges en Tunisie et d’autres intervenants.
A cet égard, le chargé de communication au ministère du Commerce, Mohamed Ali Ferchichi, a affirmé, mardi 18 août 2015, à la radio Express Fm, que « en principe, pour le ministère du Commerce, l’importation reste toujours la dernière solution au cas où les producteurs tunisiens ne répondent pas à la demande du ministère, afin de contrecarrer l’activité des spéculateurs et des intermédiaires pour stopper la flambée des prix.»
M. Ferchichi a rappelé que l’importation des moutons ne semble pas être nécessaire : « Notre cheptel ovin compte 1 million 350 mille têtes de moutons disponibles et le marché local offre 900 mille unités, ce qui est largement suffisant pour répondre à la demande des consommateurs qui veulent fêter, cette année, l’Aïd El Idha.»
Tout un chacun sait que l’impact de la spéculation sur la flambée des prix du mouton à l’approche de chaque l’Aïd El Idha est largement reconnue, et ce phénomène interpelle l’Etat pour agir au plus vite. Le porte-parole du ministère du Commerce explique :
« La nouveauté cette année est qu’ un accord a été conclu entre toutes les parties pour que le mouton soit mis à la disposition du ministère du Commerce qui est en mesure d’acheter tout le cheptel disponible pour les mettre à la disposition de la société Ellouhoum, lui donnant ainsi le monopole du marché intérieur du mouton, afin de maintenir un prix qui réponde au pouvoir d’achat du citoyen déjà fortement accablé par beaucoup trop de dépenses. »
Mohamed Ali Ferchichi a été prié de lancer une idée précise sur le prix du mouton cette année, à cet égard il a annoncé :
« Les prix vont certainement dépendre des éleveurs. La société Ellouhoum voudrait bien vendre à raison de 10 dinars/kg vif et ne pas dépasser ce seuil », soulignant que c’est l’objectif même du ministère du Commerce. « Notre objectif est de revendre à un prix qui ne dépasse pas les 10 le kg/vif, mais tout dépendra du prix d’achat. »
Et le porte-parole du ministère conclut : « Dans tous les cas de figure, le but de la société Ellouhoum est de maîtriser les prix en achetant tout le cheptel et lutter contre les spéculations et ainsi protéger le pouvoir d’achat des citoyens, sortis d’une période de grande consommation, où ils vont encore une fois sombrer, Aïd et rentrée scolaire oblige. »