L’attentat du 26 juin dernier a entraîné l’annulation massive des réservations sur les hôtels. L’impact dévastateur a été immédiat sur le secteur de la thalassothérapie, qui a chuté entre 30 et 40% par rapport à l’activité normale.
Si l’on en croit Amel Ourimi, propriétaire d’un centre SPA dans la zone touristique de Djerba Zarzis, le secteur de la Thalassothérapie serait plongé dans une «grande crise» et la situation serait «gravissime», imputant l’atonie du marché à «l’effritement du secteur hôtelier lié à la mauvaise gestion et à la mauvaise structuration du secteur ».
Amel Ourimi a en effet déclaré qu’il y a un problème de restructuration dans le secteur. «Le secteur de la Thalassothérapie était lié au ministère de la Santé depuis des années, maintenant on ne sait plus si on est sous la tutelle du ministère de la Santé ou du ministère du Tourisme », s’est-elle interrogée lors de son intervention à la radio tunisienne.
Rzig Oueslati, Directeur Général de l’Office National du Thermalisme et de l’Hydrothérapie ( ONTH ), ne voit pas les choses du même œil, bien qu’il ait admis que le secteur soit effectivement,en proie à des difficultés après l’attentat de Sousse.
«J’ai été étonné par les propos de Mme Ourimi, qui se dit responsable d’un centre de thalassothérapie que, d’ailleurs, nos services n’ont pas retrouvé dans notre check-list. Mais je lui dis, quand même, que le secteur de la Thalassothérapie en Tunisie est un secteur hautement structuré», a-t-il lancé, dimanche 23 août, à la radio tunisienne, apportant ainsi un démenti aux déclarations, aux doutes et aux craintes exprimés par celle-ci.
Et pour preuve, a-t-il argué, «je dispose de tous les textes concernant le contrôle de ces centres, le suivi de la qualité, le marketing».
Rzig Oueslati a précisé, à l’adresse de la directrice générale du centre de SPA et plus généralement à tous les auditeurs, que le secteur de la Thalassothérapie en Tunisie est sous le contrôle de l’ONTH, lequel est sous la tutelle du ministère de la Santé.
Mme Ourimi avait déclaré, dans sa communication, que ce qui manquait maintenant, était la commercialisation et la qualité : «On ne fait plus le suivi de la qualité de nos prestations », dénoncait-elle. «Il faut miser sur le commercial, il faut parler du secteur, il faut mettre le paquet sur la commercialisation et la communication du secteur. Maintenant on ne peut plus vendre le tourisme tunisien avec le soleil et la mer, il faut miser sur d’autres points et nous avons un grand avantage et une belle opportunité pour vendre cet autre produit : la thalassothérapie. Il faut juste en profiter.»
A ces déclarations M. Oueslati répond : «D’ailleurs, nous sommes en train de travailler sur le sujet. Nous avons déjà fait un séminaire sur le e-commerce dans le domaine de la Thalasso. Mieux encore, Djerba a été sacrée capitale mondiale de la thalassothérapie en 2014. Cependant, je tiens à préciser que nous, nous prenons la prise en charge des centres de thalassothérapie et non pas des SPA, pour le moment ce n’est pas notre priorité. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas importants.»
Pour conclure, Amel Ourimi avait lancé un appel au secours à l’adresse des autorités pour structurer le secteur avec un organisme légal qui devait faire partie du ministère du Tourisme pour pouvoir travailler le secteur avec plus de moyens.
A cet égard, le directeur général de l’ONTH a saisi l’occasion pour corriger certaines idées avancées par l’intervenante et faire un état des lieux de la situation de la thalassothérapie et de l’hydrothérapie en Tunisie.
«Il est important de préciser que si notre pays est classé deuxième, c’est parce que ce classement est basé sur des critères scientifiques et non sur des critères conjoncturels et c’est parce que nous sommes les meilleurs en termes de normes, d’architecture et de qualité de service. Bien qu’elle dépende étroitement de l’activité hôtelière qui a subi un grand dommage après l’attentat de Sousse en juin, la thalassothérapie n’est pas trop sollicitée au cours de cette période de l’année, qui coïncide avec la basse saison.»
Dans ce sillage, Rzig Oueslati a annoncé la tenue d’un séminaire le 27 août pour faire la mise à niveau de la troisième phase. «Cela veut dire que nous avons eu une première et une deuxième phase et je tiens à dire que nous renforçons les centres de thalasso dans notre participation aux stands internationaux subventionnées; et d’ailleurs en septembre nous partirons pour la Russie.»
Et de conclure : «Nous avons des comptes à rendre à la collectivité nationale, ce sont les deniers publics que nous dépensons et nous devons être transparents, mais malheureusement il y a aussi beaucoup d’intrus dans ce secteur, contre lesquels nous sommes en train de lutter.»