Les vacances d’été se terminent. Le relâchement des attentes d’août s’est accommodé d’un répit gouvernemental de fait. Le repos d’été a ralenti les processus gouvernementaux et politiques. L’actualité ne nous a pas cependant épargné des dérives, qui ont affecté notre quotidien. Des incidents qu’on ne doit guère qualifier de mineurs ont cependant marqué la vie tunisienne.
La suspension d’un policier, qui a voulu appliquer la loi au chauffeur du gouverneur de Tataouine, remet en cause la nature de la relation du pouvoir avec les citoyens, dans un pays de droit. Ressaisissement certes du pouvoir dans cette affaire, mais les excuses présentées à la victime paraissent insuffisantes. Il faudrait condamner les processus arbitraires et donner le bon exemple. Dans un autre temps, le grand ministre de l’Intérieur, Taïeb Mhiri, a décerné une décoration à l’agent de police qui a verbalisé son chauffeur, alors qu’il était dans la voiture.
L’affaire du short de deux touristes en partance de Barcelone, sur Tunisair et la question de la consommation d’alcool, dans le hall de l’aéroport de Tunis-Carthage, s’inscrivent dans des velléités d’institution d’une police des mœurs. Peut-on tolérer ces dérives, les attribuant à des états d’âme passagers, sinon à des repositionnements d’une « gauche caviar », occultant l’idéal-type de la liberté du culte, pour esquisser des rapprochements politiciens. Les démentis qui ont tenté de corriger le malentendu ou d’atténuer ses effets répondent au tollé qu’il a suscité. Ne faudrait-il pas organiser des briefings, à tous les niveaux des instances gouvernementales, pour rappeler les dispositions d’une Constitution d’avant-garde, faisant valoir l’ouverture, les libertés et la tolérance ! Peut-on, par ailleurs, se permettre cette remise en cause de l’ouverture du pays au tourisme ?
La dynamisation des partis tunisiens occulte cependant l’action sur le terrain, ignorant les « secrets » de réussite du mouvement bourguibien. Point de dichotomie tolérée entre les partis et la société. Ne faudrait-il pas mettre fin à cette « praxis de la chapelle » et réaliser, que la société ne se gouverne plus en vertical mais en horizontal, conséquence de l’habilitation citoyenne et du développement de la société civile. Fussent-ils des députés nationaux, les élus sont appelés à rendre compte à leurs régions, à transmettre leurs doléances et à les mettre au courant des résultats obtenus.
Peut-on parler de l’ère post-politique, qui transgresse aisément le système démocratique de l’élection ? La gestion des affaires ne peut s’effectuer dans un système non-démocratique de l’après-élection. Le monde vit une crise de la médiation politique. Soyons vigilants, pour rester à l’écoute des acteurs de la révolution et répondre aux vœux de la jeunesse, l’avenir du pays.