Parler de l’échec de l’enseignement public revient à dire que l’enseignement privé y est pour quelque chose. De plus en plus, les nouveaux bacheliers se tournent vers le privé, on se demande pourquoi ? Quelles sont les raisons qui les poussent? Serait-ce une promesse d’un avenir meilleur pour trouver un bon emploi plus tard? Ou simplement est-ce un schéma choisi pour les métiers d’avenir qui échapperaient pour un temps à l’évidence du chômage? En Tunisie, on compte 60 universités privées en 2015, contre six universités agréées en 2001.
Aujourd’hui, la grande majorité des universités qu’elles soient publiques ou privées connaissent un fléchissement. La question qui se pose est donc la suivante: l’enseignement universitaire tunisien est-il en crise ?
Cela ne date pas d’hier, la qualité de l’enseignement public s’est détériorée, à force de vouloir faire réussir tout le monde à tout prix, et de niveler par le bas. La politique de l’ancien régime qui croyait à l’éducation de masse s’est faite au détriment de la qualité de l’enseignement et des exigences du marché de l’emploi.
Il est clair que le secteur de l’enseignement doit être rénové, demande qu’une très grande majorité des universitaires réclame déjà depuis un bon moment, notamment en termes de ressources et de recherche scientifique.
Quant au secteur de l’enseignement privé, il bat de l’aile. Tel est le propos tenu par le fondateur de l’université de Montplaisir, qui a déclaré qu’il n’y a pas de vrais problèmes, mais plutôt des défaillances dans le secteur de l’enseignement.
Il poursuit : « Simplement, nous reprochons au ministère de l’Enseignement supérieur d’avoir mis tout le monde dans le même sac. Ce que je réclame avant tout, c’est que le ministère revoie la loi de 2008, soulignant notamment qu’il faut renforcer le contrôle au niveau des universités privées pour l’application des cahiers des charges et l’octroi des autorisations ».
Le rapport de l’UNESCO indique pour sa part que pour assurer une éducation de qualité équitable et l’apprentissage tout au long de la vie pour tous, il faudrait fixer cinq objectifs :
- Le droit à l’accès équitable et à l’achèvement d’un cycle complet d’éducation de base gratuite et de bonne qualité, accompagné de résultats reconnus et mesurables d’apprentissage, fondés sur les normes nationales, assuré à tous les enfants et les jeunes, filles et garçons.
- L’accès équitable à un enseignement secondaire, supérieur et tertiaire de qualité.
- L’enseignement et l’apprentissage de qualité et pertinents, en termes de processus d’enseignement et d’apprentissage, du contenu, d’environnements d’apprentissage et de résultats reconnus et mesurables, garantis à tous les enfants, jeunes et adultes.
- L’acquisition de niveaux fonctionnels de lecture, d’écriture, de calcul et d’autres compétences de base par les jeunes et les adultes, comme étant des compétences de base pour un apprentissage approfondi et une réalisation de leur potentiel humain.
- L’accès équitable à des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie à tous les jeunes et les adultes pour développer les qualifications et les compétences pour la vie et pour le travail et en faveur du développement personnel et professionnel.
Il n’empêche qu’on est en droit de se demander si les plans de l’enseignement, qu’il soit privé ou public, débouchent sur une bonne insertion et un recrutement efficace. Seul un plan stratégique pourrait relancer ce secteur, alors que la réforme scolaire a déjà fait couler beaucoup d’encre et que les représentants du secteur privé mettent en garde contre les pressions qu’ils subissent.