Le dernier rapport de la Banque centrale de Tunisie ( BCT ) a annoncé l’entrée de la Tunisie dans une période de « récession technique », autrement dit, une période de deux trimestres consécutifs de recul du produit intérieur brut ( PIB ). Et par conséquent, une croissance négative est attendue aux troisième et quatrième trimestres 2015.
Face à cette période véritablement critique que traverse la Tunisie, une question s’impose: quels sont les chantiers de la rentrée auxquels il faut s’atteler en urgence?
En réponse, Hachemi Alaya, expert en économie, nous a affirmé que l’urgence de la rentrée est de concevoir et conduire une politique macroéconomique de lutte contre cette récession. Il s’agit d’un chantier qui doit être entamé en immédiat, même avant ceux du code de l’investissement, du marché du travail, de la croissance économique…
« Pour faire face à une crise économique d’une ampleur inégalée et opter pour une politique de croissance à base de réformes structurelles profondes, la Tunisie a besoin immédiatement d’une politique macroéconomique de stabilisation à court terme. Une politique qui instrumentalise le budget, la monnaie, le taux de change du dinar… visant à lutter contre la récession et en limiter les effets néfastes sur les comptes public et extérieur », a précisé M. Alaya.
Les dernières statistiques publiées par la BCT exigent cette politique macroéconomique. En effet, au terme des sept premier mois de 2015, les intentions d’investissement ont affiché un recul de 12,6% en glissement annuel. Ce recul est, selon notre interlocuteur, inquiétant.
« Sans investissement, aucune reprise de la croissance, aucune amélioration au niveau du chômage, aucun progrès en matière de compétitivité et d’attractivité, aucune montée en gamme de notre appareil productif. Et même aucun espoir de sortie de crise», a-t-il souligné.
Idem pour la production industrielle hors énergie qui a atteint, durant la même période, une régression notable. Les transferts en devises des Tunisiens résident à l’étranger ont, quant à eux, ralenti parallèlement à un rythme accéléré du recul des recettes touristiques.
Dans le même sillage, Hachemi Alaya a ajouté que la crise de liquidité des banques a triomphé à l’issue du ralentissement des dépôts bancaires et du crédit à l’économie.
Au final, il n’a pas manqué de revenir sur le déficit courant de la Tunisie qui devrait, selon le FMI, atteindre 8,5% du PIB cette année.
Tous ces indicateurs alarmants, qui ont précipité cette phase de récession, nécessitent en priorité une politique macroéconomique.