Des représentants d’associations, de partis politiques, des personnalités… organisent aujourd’hui un rassemblement devant l’Ambassade de Tunisie à Paris pour le retrait du projet de loi de réconciliation nationale.
Réconciliation nationale ! L’expression résonne comme un mot d’ordre en ces temps de mobilisation contre le terrorisme. Par ailleurs, ne s’agit-il pas du volet final du triptyque vérité – justice – réconciliation de la justice transitionnelle que nous appelons tous de nos vœux…
Selon une déclaration des associations de Tunisiens à l’étranger, dont une copie est parvenue à la rédaction de leconomistemaghrebin.com, les signataires de la déclaration affirment que si ce projet de réconciliation va absoudre des mafieux, ils ne voient pas en quoi cela va contribuer à renforcer l’économie du pays. « Si les « hommes d’affaires », qui ont fait fortune grâce à la corruption, sont des acteurs du développement, cela se saurait ! Si l’on entend attirer les spéculateurs en tous genres, ils ne sont pas concernés par la levée en masse que l’on veut provoquer, ils ont toujours préféré vampiriser les richesses produites par le labeur des plus pauvres. S’il s’agit de passer l’éponge sur les forfaits des « commis » de l’État qui ont piqué dans la caisse, un État ne se renforce pas en s’attirant les faveurs des responsables du laxisme, des larcins ou des compromissions les plus graves au cœur de l’État… », lit-on dans la déclaration.
Et d’ajouter que ce projet de loi, concocté par la Présidence de la République sera dommageable pour l’État, pour la justice transitionnelle, pour le développement et pour la transition démocratique.
Alors que le dossier des assassinats politiques s’enlise, alors que des petites lois scélérates comme celle sur la consommation de cannabis continuent à ruiner l’avenir de dizaines de milliers de jeunes, alors qu’aucun dispositif sérieux ne protège du racisme et de toutes les formes de haine et de fanatisme larvées… alors que les inégalités se creusent… la loi préparée par les conseillers du président à Carthage serait une caution inutile aux corrompus et aux corrupteurs. Sans compter sa dimension symbolique catastrophique à l’heure où on demande des sacrifices aux plus démunis.
Le CRLDHT, la FTCR, les personnalités et les organisations signataires se rallient à la Coalition de la société civile contre le projet dit de réconciliation nationale et se déclarent solidaires avec les initiatives de cette Coalition. Elles demandent aux députés de l’Assemblée du Peuple de rejeter le projet et de veiller au respect de l’Etat de droit et de la Constitution.