Peu de temps après le 14 janvier 2011, les déchets anarchiques se sont accumulés au point de devenir une menace pour la santé publique sur l’ensemble du pays.
A Djerba, depuis plus de trois ans, des actions citoyennes ont été lancées et qui avaient pour nom “Djerba agonise”, ou encore “Sauvez Djerba”, avec pour seul objectif : vivre dans un environnement sain.
Les gens ne savaient plus sur quel pied danser à un moment donné, entre se boucher le nez ou regarder ailleurs. Ils n’avaient pas non plus le choix : soit ils brûlaient leurs poubelles, un feu par-ci, un feu par-là, soit ils attendaient impatiemment que le gouvernement daigne répondre suite aux maintes grèves qui ont été observées pour dénoncer ce problème.
Qui dit Djerba dit l’île au sable d’or, ou encore l’île des rêves, un petit paradis méditerranéen. Toutefois, voilà que depuis plus de trois ans, la gestion des déchets à Djerba fait encore des vagues. Comment ces déchets sont-ils aujourd’hui traités et à quels endroits sont-ils déversés?
“ La crise des déchets est due au non-fonctionnement dans les normes du site d’enfouissement légalisé de Guellala exploité par Segor, à l’entêtement des autorités et des groupes de pression sur le continent afin que les déchets de Djerba ne sortent pas de l’île. Un peu comme une sanction à l’endroit des insulaires pour avoir déclenché une fronde au niveau national sur la question du traitement de nos déchets qui s’est répandue sur l’ensemble du territoire” , témoigne Yassine Bazarbacha, administrateur et fondateur du groupe Facebook » Djerba Actions ».
Il poursuit : “ Les déchets ont été traités d’une manière irresponsable. Pis encore, au plus fort de la crise, ils ont été enfouis dans des endroits cachés un peu partout dans l’île. Quant aux municipalités, elles en ont fait de même, en enterrant la nuit les déchets un peu partout de façon anarchique loin des regards. Pris en flagrant délit d’enfouissement sauvage des déchets, les agents municipaux qui s’apprêtaient à déverser le contenu des camions-bennes près de la mer les ont abandonnées sur place. Mais grâce à la vigilance des citoyens, cette opération a été contrée. Malheureusement d’autres ont porté à terme leurs méfaits : près de 600 points noirs constellent l’île ! ”, renchérit-il.
Selon lui, il ne s’agit pas uniquement des municipalités, des cliniques privées sont également en cause, a-t-il fait remarquer, précisant : “ N’ayant pas la capacité de traiter leurs déchets médicaux, elles les déposaient dans des puits. Mais ces déchets organiques peuvent être toxiques. Comment peut-on agir de la sorte ? ”, déplore-t-il.
Interrogé sur le rôle des autorités locales concernées, M. Bazarbacha a fait savoir qu’elles n’ont rien fait pour résoudre cette problématique, actuellement la machine a enrubanner avec laquelle Segor traite les déchets pour un montant de 2,6 millions de Dinars par an , est une véritable catastrophe environnementale, rien n’est fait dans les normes, la zone choisi est inadéquate, une zone côtière, humide, classée RAMSAR ( zone protégée au niveau environnementale) et pour couronner le tout jouxtant le site archéologique de Menninx !! Voilà que ce site est en train de stocker sur une zone qui sera inondée. « Ces ordures vont baigner dans l’eau et là ça sera catastrophique », présage-t-il.
Et d’ajouter : “ Des quantités importantes de lixiviats s’échappent des balles,se déversent et s’infiltrent dans le sol ce qui présente un grand risque sanitaire direct, environnemental pour les habitants et les activités agricoles ”.
Une mauvaise gestion des déchets ne fait qu’empoisonner les citoyens, polluer la nappe phréatique, polluer la mer… Pour faire face à ces menaces, il faudrait des solutions radicales et de taille pour en finir définitivement avec ces sites insalubres et porteurs de tous les dangers.
Merci pour cet excellent article, qui nous l’espérons, attirera l’attention des autorités centrles et ne restera pas « un article de plus », tant les autorités locales sont juges et parties à la fois.
La phrase clé de l’article c’est « depuis le 14 janvier 2011 ». En effet, c’est depuis cette date que les responsables administratifs locaux à Djerba restés fidèles à l’ancien régime unissent leurs efforts et rivalisent de génie pour pourrir l’ile dans l’espoir que les gens regrettent Ben Ali et pensent que « c’était mieux avant ».
A Djerba, la gestion des déchets n’est qu’une des facettes de ce scénario d’horreur. La quasi totalité des services publics suivent le même leitmotif. Allez à la poste à Houmt Souk et vous verrez que les tickets qui étaient là pour organiser le passage des citoyens aux guichets ont été supprimés. Tentez de prendre l’embarcadaire à Ajim et vous en aurez pour 4 heures d’attente.
Ceux sont les vagues de profondeur qui tentent de faire chavirer Djerba, mais Djerba restera ã flot.