La Tunisie tombe en récession. Celle-ci n’est peut-être que symbolique, « technique », disent certains économistes, et peut-être à raison puisque la Bourse de Tunis ne semble pas avoir enregistré de lourdes pertes sachant qu’elle est le baromètre même de la santé économique du pays.
En tout cas, si cette récession a assommé les Tunisiens et a mis la pression sur le gouvernement, pour adopter au plus vite des mesures structurelles et ranimer une économie engourdie, elle n’en reste pas moins un mauvais signal pour la Bourse, si l’on en croit les déclarations faites à la radio RTCI, vendredi, par Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT).
Interpellé pour connaître son avis sur l’actuelle crise financière et son impact sur la Bourse, le directeur de la BVMT a précisé que les effets de la récession annoncée officiellement demeurent minimes. Pourtant, le marché boursier a été instable, cet été. À cet égard, M. Sahnoun explique : «C’est parce qu’historiquement, c’est la période où il y a une baisse d’activité, une baisse de liquidité, qui a coïncidé avec cet attentat de Sousse qui s’est produit juste avant les vacances estivales, et on ignore en fait quel est l’impact réel de l’attentat. En tout cas, la Bourse a chuté de 4.5 points», en faisant remarquer que l’attentat du Bardo n’a pas eu d’impact dévastateur.
Dans ce même contexte, il a tenu à donner un rapide aperçu sur les activités de la Bourse de Tunis, déclarant : «Elle affiche une évolution positive, un peu plus de 8 %. Elle était à 13% à fin juin 2015, et plus précisément avant l’attentat de Sousse.»
Et pourtant le secteur touristique n’est pas coté en Bourse…
Tout à fait, les indicateurs du marché tunisien sont positifs, et l’on peut même dire qu’ils sont meilleurs que ceux de toutes les places arabes, et puis, on n’a pas d’impact direct parce que nous n’avons pas d’entreprise touristique cotée en Bourse. Autrement dit, l’indice touristique n’a pas d’incidence directe sur l’indice général de la BVMT. Il y a un effet psychologique qui fait qu’il y ait un peu moins de liquidités et une petite crainte de la part des investisseurs.
C’est lié aussi à la situation de l’économie tunisienne qui officiellement est entrée en récession selon le rapport de la Banque centrale de Tunis
C’est exact. Même si aujourd’hui, en me limitant aux 78 entreprises cotées en Tunisie, nous avons constaté des « craintes », c’est la crainte des entreprises. L’investisseur évalue l’entreprise cotée comme fondamentalement saine. Donc si vous voulez la relation, la corrélation entre l’économie générale du pays et l’indice boursier peut tarder à se manifester. Aujourd’hui, les gens continuent de voir les entreprises individuellement et ces entreprises sont relativement saines, même si notre indice boursier est à 45 % porté par les valeurs financières et l’économie du pays se traduira peut-être sur les bilans du secteur financier. Donc il n’y a pas d’anticipation à cet égard.
L’affaire Syphax Airlines risque-t-elle de ternir l’image de la Bourse de Tunis et surtout pour la suite de vos projets ?
En ce qui concerne l’affaire Syphax Airlines, disons d’abord que c’est une société qui, dans le modèle économique, n’a pas réussi. Peut-être parce que c’est une société qui a atterri dans un secteur très concurrentiel, et on a même vu des compagnies aériennes internationales d’une certaine envergure qui n’ont pas pu y faire face. Mais on peut dire, aussi, qu’elle n’a pas été gâtée par la conjoncture actuelle. Et pour cause, c’est une société en phase de croissance, frappée de plein fouet par les actes terroristes et leur impact sur le secteur touristique…
Pourtant les ennuis de Syphax avaient surgi bien avant les attentats…
Tout à fait, mais pour revenir à l’investisseur qui sait faire la part des choses et qui investit dans un portefeuille bancaire, industriel ou autre, ce n’est pas parce qu’il y a eu l’affaire Syphax, qu’il va déserter la Bourse. Je suis confiant parce qu’il n’y aura pas d’effet de contagion sur la bienveillance des investisseurs mais je suis persuadé également qu’il n’y en aura pas non plus sur les autres actions cotées en Bourse.