Interpellé par leconomistemaghrebin.com au sujet de la lutte contre la corruption en Tunisie, Brahim Missaoui, le président de l’Association tunisienne pour la lutte contre la corruption a indiqué que la corruption est à la fois un phénomène économique, politique et social. : « Personne n’a véritablement l’intention de lutter contre ce phénomène ni le gouvernement et ni l’Instance nationale de lutte contre la corruption (ATLC) qui est en pleine hibernation », accuse-t-il et d’ajouter que cette instance a été anesthésiée : « Nous n’avons pas trouvé les empreintes de l’instance en matière de lutte contre la corruption », estime-t-il.
Par ailleurs, Brahim Missaoui a indiqué que « normalement, l’instance nationale de lutte contre la corruption devrait être la première à s’opposer au projet de loi de réconciliation économique, d’autant que la Constitution lui a accordé plusieurs prérogatives qui l’habilitent à questionner les ministres et les gouvernements ».
Répondant à notre question sur la tenue du 16ème congrès international de lutte contre la corruption en Malaisie et non en Tunisie comme c’était initialement prévu, M.Missaoui a indiqué que c’est une perte pour la Tunisie à tous les niveaux : « Entre 2012 et 2013, la société civile a œuvré afin que cet événement se tienne en Tunisie puisqu’elle était le chantre du mouvement populaire dans le monde arabe et parce qu’elle disposait d’un cadre juridique de lutte contre la corruption et d’institutions qui œuvrent pour la lutte contre la corruption », informe-t-il.
Notre interlocuteur a regretté le fait que : « le gouvernement de Mehdi Jomâa n’ait pas inclus dans l’ordre de ses priorités la lutte contre la corruption alors même que la société civile a interpellé Mehdi Jomâa sur la nécessité de tenir le congrès en Tunisie. Il a répondu que l’objectif principal de son gouvernement est d’assurer le bon déroulement de la transition démocratique et le déroulement des élections ». D’après notre interlocuteur, Mehdi Jomâa n’a pas fait de déclaration qui montre une certaine volonté pour lutter contre la corruption, tout au long de la période de son gouvernement.: « Nous ne pouvons pas parler de réussite de la transition démocratique sans lutte contre la corruption », considère-t-il.
Brahim Missaoui conclut en nous mettant en garde : « Il est vrai que les statistiques du ministère de la Justice montrent bel et bien que le nombre des affaires relatives aux pots de vin a baissé mais c’est loin d’être un indice révélateur que cette pratique ait réellement baissé, au contraire elle tend à faire partie des us et coutumes de la société tunisienne », conclut-il.